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Ohoettilto-4 (oho-et-til-to-4)

1985*-94, Part.1,conflit Venet/Satp.(57pages environ.)

 

VERS 1985*-1994*, LE CONFLIT
ENTRE LUC VENET ET SUSIE D’UN CÔTÉ,
SATPREM, SUJATA, ETC. DE L’AUTRE,
AVEC SA PRÉSENTATION PAR L.V. EN 2007*
ET DES RÉACTIONS DIVERSES QU’ELLE PROVOQUA

 

 

INTRODUCTION

Le Français Luc Venet fut notamment l’un des fondateurs, avec Satprem, en 77, de l’Institut de recherches évolutives en France, chargé notamment de publier L’Agenda de Mère, et il fut le fondateur et le dirigeant du même Institut aux États-Unis. Il en fut expulsé par Satprem en l’an numéroté 1993 par tyrannie chrétienne.

L’histoire de ses relations avec Satprem à partir de 1976* ainsi que d’autres choses sont présentées dans le présent texte, principalement d’après ce que L.V. rédigea et publia sur internet en 2007*.
L’affaire dépasse L.V. Ce n’est pas l’individu L.V. qui importe le plus, mais ce qui fut vécu par lui.
Que le présent texte lui soit utile ou non, il peut l’être pour d’autres individus ayant au moins une partie de ses erreurs, et pour d’autres aussi peut-être. Indépendamment de l’utilité, des informations sont apportées.


PRINCIPAUX TEXTES EMPLOYÉS

LE TEXTE ÉCRIT PAR L.V.


Après le suicide de quelqu’un en 2006*, Luc Venet se mit à rédiger un texte, ce qui, selon l’indication de sa fin, exista entre novembre 06 et février 07. Titre : « La fin de l’illusion ». Sous-titre : « Le danger des intermédiaires ».
Peu après la mort de Satprem arrivée le 9 avril suivant, L.V. publia son écrit sur internet, à l’adresse trois w suivis par un point, puis par « lesyeuxouverts.net » sans ces guillemets. Si le souvenir est bon, une traduction en anglais y fut aussi publiée. Quoi qu’il en fût, le titre en anglais est : « The End of Illusion », et le sous-titre : « The danger of intermediaries ».

Le texte en anglais fut publié dans le numéro de l’été 2008* de la revue sur papier titrée Collaboration, « Journal of the Integral Yoga of Sri Aurobindo and the Mother », « Vol. 33, No. 1 », pages 9 à 21. Cette revue fut publiée sur internet à l’adresse suivante : https://www.collaboration.org/journal/archives/2008%20Summer.pdf

Le 19 avril 2009* semble-t-il, le texte en anglais fut publié à l’adresse internet tekgnosis.typepad.com . En écrivant cela dans le moteur de recherche ainsi que le mot venet, on arrive sur la page.

En juin 14 il fut constaté que la publication faite par L.V. sur internet n’existait plus.

Ce texte de L.V. est la cause du présent article et il est celui qui est le plus employé ci-après.


UN DOCUMENT PUBLIÉ PAR L’INSTITUT DE RECHERCHES ÉVOLUTIVES VERS 1994*

Ce document ne provient pas directement de l’I.R.É en 1994* et il faut donc expliquer ce qu’il est et où il fut lu.

Ce qu’est ce document de dix pages.
Il y a notamment la copie d’une lettre du 28 avril 94 écrite par Micheline Étévenon qui s’occupait alors en France de l’Institut de recherches évolutives. Elle fut émise après que L. V. ait quitté l’Institut étatsunien de recherches évolutives en 1993*. Voici son texte complet. « Chers amis, Beaucoup d’entre vous ont exprimé leur surprise devant la "soudaineté" du tournant pris par Luc Venet en 1993, tournant qui a amené Satprem à lui demander de cesser de s’occuper de l’Institut Américain et de le remettre entre les mains de l’IRE (ce que Luc a refusé de faire). Ce tournant n’avait en réalité rien de soudain, et nous avons jugé bon de citer ici quelques extraits de lettres de Satprem à Luc au fil des années — depuis huit ans maintenant. Peu importent les occasions tristement multiples qui ont occasionné ces lettres, vous comprendrez sans mal comment Satprem, avec force mais aussi avec tout son amour, a tenté jusqu’au bout de sauver Luc de lui-même. Qu’il soit clair que notre propos n’est pas de faire le procès de Luc Venet, mais de faire connaître quelques faits, afin que chacun puisse voir clair. Ce ne sont pas des "personnes" en jeu, mais des forces en bataille autour d’une Œuvre. Bien amicalement, Micheline »
Malgré cela, à la fin du document, il y a la date « 9 novembre 1998 ». À quoi correspond-elle ? Il est impossible de le savoir. Est-ce qu’elle est exacte ? Est-ce qu’il y eut seulement une erreur de frappe, le 8 étant placé à la place d’un 3 !? Est-ce que c’est la date de l’ajout de ce qui est à la fin : une page et un tiers de page d’un texte qui n’est pas extrait d’une lettre de Satprem mais qui fut rédigé par quelqu’un de l’I.R.É. et qui concerne l’affaire dudit bandeau du livre India’s Rebirth, La renaissance de l’Inde ?
En plus, une lettre de Satprem du 10 octobre 93 est placée au début du document, avant la lettre d’avril 94 indiquée ci-dessus. Pourquoi la placer là plutôt qu’à sa place chronologique parmi les extraits ? Est-ce que c’est parce qu’elle ne contient pas seulement des phrases de Satprem qui montrent que celui-ci s’occupa ou se serait occupé de « sauver Luc de lui-même » ?
Est-ce qu’elle ne fit pas partie du dossier présenté par la lettre d’avril 94 ? Mais son passage d’aide à Satprem aurait dû en faire partie or il n’y est pas à sa place chronologique où il y a quelques lignes placées par la personne de l’I.R.É. et qui le concernent.
En plus, cette lettre de Satprem fut écrite en français mais ce qui est présenté est seulement la traduction en anglais, faite par L. V. Pourquoi ?
D’abord, il y eut probablement un dossier émis par l’I.R.É. le 28 avril 94. Ensuite, il semble avoir été transformé. Finalement, on ne sait donc pas ce qu’est le document mais tout semble provenir de l’Institut français de recherches évolutives.
C’est pourquoi, dans le présent texte, il est appelé Document de l’I.R.É., sans précision de date.

Où fut trouvé le document sur internet ? « Flamme d’Altérité » est le nom d’un blog dont l’adresse contient ceci : flammedalterite.wordpress.com . Sur sa page d’accueil, il y a, dans l’image du haut, plusieurs titres de pages du site, notamment « Documents ». En cliquant dessus en juillet 14, on arrive sur une liste de documents dont l’un est titré « Lettres de Satprem à Luc Venet ». En cliquant sur ce titre, on arrive d’abord sur une page où il y a encore ce titre et la date du placement du document sur ce site : « 13 avril 2013 ». En cliquant sur le titre, on arrive sur le document.

Composition du document de l’I.R.É.
En plus de la lettre d’avril 94, le Document de l’I.R.É. contient deux sortes d’écrits.
Les uns sont dits être des « extraits de lettres ». On ne sait pas si certains courts textes sont des lettres complètes car aucun signe de coupure n’y est placé. Des textes de Satprem, il y en a onze adressés à Luc Venet, un à Su. et un à Mi. Ét. Des textes de Sujata, il y en a un adressé à L.V. et un à Su. Il y a un extrait de lettre de L. V. à Satprem. La lettre citée qui est la plus ancienne date du 31 juillet 86 et il n’y en a aucune d’après avril 94.
Les autres écrits sont des ajouts qui furent placés par la personne de l’I.R.É. qui prépara le document. Ils servent à présenter chaque texte cité ou apportent des explications. Souvent, il y a moins d’une ligne, parfois plusieurs lignes. L’un, le plus long, une page 1/3, est celui déjà indiqué de la fin, qui concerne ledit bandeau d’un livre.
La lettre d’avril 94 n’est pas accompagnée par une liste des « extraits de lettres » qui y étaient joints. On ne sait donc pas si certains ne sont pas reproduits sur le blog ni si d’autres sont ajoutés. Pareil pour les ajouts.
Sur le blog indiqué plus haut, le titre du document est « Lettres de Satprem à Luc Venet ». Il ne correspond donc pas à son contenu. Il aurait pu être meilleur même lorsque l’on veut être bref pour une cause technique.
Ici, le Document de l’I.R.É. et tous les textes cités qu’il contient sont considérés authentiques.

Ce Document n’est pas entièrement reproduit ci-après. Pour tout lire, aller sur le blog indiqué ci-dessus.
La première fois où ce Document est employé ci-après, c’est à propos d’un évènement de l’année numérotée 1985 par tyrannie chrétienne.


AUTRES TEXTES

Quelques rares autres textes sont cités petitement, notamment Carnets d’une Apocalypse.
Il y a aussi ce qui est en deux annexes. L.V. reçut le soutien de Boni Menato, Italien qui fut l’un des fondateurs et l’un des dirigeants de l’Institut de recherches évolutives en Italie. Les deux textes qu’il émit sont cités et commentés après celui de L.V. Dans l’affaire, il y eut d’autres lettres de soutien et aussi des lettres d’opposants, qui sont présentées brièvement.



CONTENU DU PRÉSENT TEXTE

Le présent texte contient surtout des citations du texte de L.V., en les accompagnant d’un commentaire.


Elles ne sont pas placées dans leur ordre dans le texte original écrit par L.V. car, lors de la rédaction, celui-ci était sous l’effet de l’émotion causée par la connaissance du suicide récent de quelqu’un, ce qui créa un ordre qui rend le texte difficilement compréhensible. Ci-après, les citations sont placées selon un ordre qui est voulu le plus chronologique possible à propos des faits. À cause de ça, lorsqu’un passage du texte de L.V. contient en même temps ce qui exista à un moment, et l’appréciation que l’auteur en eut plus tard, le passage est souvent cité avec des coupures afin de placer les informations à leur place chronologique. Il y a des coupures dues à d’autres causes.
Les citations sont en caractères gras.
Elles sont placées entre des guillemets dits français, ouvrant : «, ou fermant : ». Les guillemets semblables qui sont dans le texte de L.V. sont remplacés par des guillemets dits anglais : " et ".
Les quelques fautes d’orthographe ne sont presque jamais reproduites.
Lorsqu’un aller-à-la-ligne-suivante n’est pas reproduit, il est remplacé par une barre oblique.
Pour permettre éventuellement le repérage des citations dans le texte original qui n’avait pas de numérotation des pages, une numérotation est créée, et le numéro des pages où sont ou commencent les citations est indiqué. (Il y a trente-cinq pages lorsque ce texte, d’abord copié depuis internet avec ses guillemets dits français, avec très souvent un interligne entre les paragraphes, et avec des sauts de page entre les parties, est mis en page nouvellement, sans ces derniers.)
Le texte de L.V. est cité presque complètement. Ne sont pas reproduits quelques rares passages de lettres en anglais mais il y a leur traduction en français faite par L.V. À part cela, seules huit lignes environ ne sont pas reproduites, notamment des titres de parties, et les plus longs passages sont sur les p. 8 et 16. Leur contenu n’a aucune influence sur ce qui est reproduit du texte de L.V. et sur ce qui en est dit.

Chaque citation ou presque est accompagnée par un commentaire. Il est d’abord cherché à comprendre ce que L.V. exprima, et il y a aussi les expressions de ce qu’en pense l’auteur du présent texte (d’après son état de conscience et d’inconscience). Celui-là ne se centra jamais sur Satprem, ne considéra jamais que tout ce qu’il disait fût forcément bien, pensa rapidement qu’il disait parfois des erreurs.

Dans les citations, la graphie de la langue française qui est employée est celle du texte cité, qui est l’ancienne.
Par contre, dans les titres de parties et les commentaires, c’est la nouvelle graphie qui l’est. Vu le contenu du présent texte, ça concerne surtout la suppression de certains accents circonflexes, comme dans abime, aout, apparaitre, chaine, connaitre, dégouter, ile, maitre, naitre, paraitre, plait (de plaire), reconnaitre, surement, traine, et il y a peut-être d’autres mots. L’accent grave mis au mot évènement est donc aussi volontaire.
En plus de fautes de frappe ou d’étourderie, il y a probablement des fautes de français : il n’y a pas que les gens qui parlent et écrivent une langue complètement correctement qui ont le droit de s’exprimer.


FORMATION DU PRÉSENT TEXTE

Quatre courriers furent transmis à Luc Venet de septembre 09 à mars 10. Chacun des trois derniers apportait des corrections et des compléments à ce qui le précédait.

Tous furent fusionnés pour former un seul texte dont le titre commençait par : Contribution à l’affaire du conflit entre, notamment, Luc Venet et Boni Menato d’un côté, et Satprem et Sujata de l’autre. À l’occasion de cette fusion, de petites modifications furent encore apportées.
Dans le texte de L.V., on voyait ce qu’il avait fait de bien, par exemple à propos de la publication et diffusion de l’Agenda et de sa traduction en anglais. On percevait avec évidence beaucoup de ses défauts psychologiques, notamment ses incompréhensions à propos de la pratique du yoga intégral et ses espérances folles concernant de la « transformation corporelle ». Mais il y avait des problèmes de compréhension des faits, par manque d’informations ou autrement. Par exemple, plusieurs conflits qui existèrent entre L.V. et Satprem étaient présentés successivement alors que plusieurs se passèrent en même temps, d’où s’explique le choix qu’avait fait L.V. de mettre peu de dates. En plus, on pouvait comprendre que celui-ci avait une mauvaise conception de lui-même avec sa femme, de Satprem et Sujata et de leurs relations conflictuelles. Par contre, l’ampleur de ce caractère mauvais n’était pas perceptible. Dans la Contribution, beaucoup de questions étaient donc posées car on savait ne pas tout comprendre et ce fut d’ailleurs pour cela que ce premier mot du titre avait été employé. Même le caractère complotiste de l’interprétation des faits effectuée par L.V. n’avait pas pu être perçu et, vers la fin de la Contribution, on n’avait pu que placer une série de citations pour montrer ce qui fut appelé le ton du récit, ce qui alourdissait encore.

Le 14 novembre 11, le texte fut publié sur le site internet Ohoettilto.
Trois Compléments à la contribution furent publiés peu après. Les deux premiers, concernant des successeurs de L.V. auprès de Satprem, sont publiés indépendamment sur le blog Ohoettilto-4. Des parties du troisième, qui avait été publié le 17 janvier 12, sont utilisées ci-après.
Puis un document de l’Institut de recherches évolutives, le Document de l’I.R.É., fut découvert sur internet. Il permit de comprendre les faits et de percevoir l’ampleur des erreurs de la conception qu’avait L.V. Des questions qui avaient été posées reçurent leur réponse. Il ne fut pas voulu modifier la Contribution pour que sa date de dernière modification qui apparaissait automatiquement à la fin du texte publié continuât d’être la même. Un autre texte fut donc publié le 3 aout 14, dont le titre était Mise à jour de plusieurs parties de la Contribution […], d’après un écrit émis vers 94-98 par l’Institut de recherches évolutives de France, et d’après des réflexions indépendantes de lui. Il avait 34 pages mais tout n’était pas nouveau puisque, pour situer ce qui l’était il y avait des citations du texte du 14 novembre 11, ce qui prenait de la place.
Le 15 avril 15, fut publié sur le site Ohoettilto un texte dont le titre était : D’avril 15, autres informations concernant l’association A.I.F., où il est parlé notamment de Pierre Étévenon. En sont intégrés dans le présent texte son passage relatif au testament de Micheline Étévenon et à la position de Pierre au même nom, ainsi que celui relatif au tome 6 des Carnets d’une Apocalypse à propos de paquets de lettres.

Le site internet Ohoettilto fut interdit en Inde entre aout 14 et janvier 15. Il était écrit en français et l’initiateur de son interdiction fut forcément un ou plusieurs Français d’Auroville. Un ou plusieurs prétextes avaient été trouvés. Vers le 15 juillet 15, le site fut interdit en France par son hébergeur Free, et il est pensé que ce fut à l’initiative d’un collègue de l’initiateur aurovilien.
Plusieurs blogs furent alors créés sur lesquels quelques textes nouveaux furent publiés, et aussi certains du site interdit, tels qu’ils étaient ou modifiés. (Ces blogs continueront d’exister après la mort de leur auteur, au moins durant quelques années.)

Concernant le conflit entre, notamment L.V. et Satprem, un nouveau texte fut préparé à partir de ceux indiqués plus haut, en enlevant deux annexes du premier car le contenu de chacune est publié sur le présent blog Ohoettilto-4 en tant que texte indépendant. C’est une version complétée, allégée et corrigée du premier texte qui est publiée ici.
Voici le récit.


EN 1968*, L.V. REÇUT UNE INFORMATION IMPORTANTE

Page 1. « […] place de l’Odéon à Paris. C’est là qu’en février 1968, peu de temps avant les convulsions de mai 68 qui secouèrent le monde, la bouche du métro avait déversé mon destin sur le trottoir, exactement sous l’œil de Danton, dont la statue trône sur la place. Un ami que je n’avais pas vu de longue date sortait à cet instant du métro. À peine terminées les accolades étonnées et ravies, ses premiers mots furent pour m’indiquer le nom d’un lieu qu’il venait de visiter en Inde et le nom d’un livre qui expliquerait tout sur ce lieu. Il avait dit cela avec une sorte d’urgence dans le ton, comme quand on décharge sa conscience d’une responsabilité dont on ne saurait expliquer l’origine exacte. Le lieu s’appelait Pondichéry et le livre, Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience, de Satprem. » (Fin de citation.)

« un lieu », et « un livre » « de Satprem ». L’essentiel, qui était la Mère, ne fut pas exprimé. Est-ce que la connaissance de tout cela par un livre de Satprem fut le début d’un mauvais engrenage faisant se centrer, à tort, sur celui-ci ?


EN 69, À PONDICHÉRY, L.V. RENCONTRA LA MÈRE

P. 1. « […] en 1969 […] Mère m’avait reçu et avait planté son regard de diamant en moi. »

P. 9. « […] les deux rencontres "révolutionnaires" de ma vie – la première avec Mère, […]. […] abasourdissement des quelques premières secondes en présence de Mère et sous son regard, puis l’espèce d’état stupéfié qui a suivi pendant plusieurs jours, […] cette stupéfaction. »
P. 1. « […] ma certitude intérieure que c’était ce monde-là qui était le mien depuis toujours et pour toujours […] ! »
Il y eut des gens qui, se retrouvant face à la Mère, eurent comme réaction un très fort rejet et en parlèrent ensuite en en disant du mal. L.V. ne fut pas ainsi.


EN 69, L.V. RENCONTRA SATPREM

P. 1. « J’avais vingt-six ans lorsque j’ai rencontré Satprem pour la première fois. C’était en 1969, à Pondichéry, au bord du golfe du Bengale, dans ce terrain de jeu où Mère, passée quatre-vingt ans, venait parfois jouer au tennis avec les enfants de l’Ashram. Tout frais émoulu de l’Occident, des diplômes plein les poches, je regardais ce monde de simplicité et d’évidence en écarquillant des yeux d’enfant. Quelques jours auparavant, Mère m’avait reçu et avait planté son regard de diamant en moi. Et cette première rencontre avec Satprem confirmait ma certitude intérieure que c’était ce monde-là qui était le mien depuis toujours et pour toujours – bien qu’il m’apparût encore bien mystérieux et peu conforme à mes théorèmes mathématiques ! » (Fin de citation.)

Il y a le mot « confirmait ». Autrement dit, la rencontre avec Satprem confirma la « certitude » que L.V. avait déjà eu, d’abord en conséquence de sa lecture en 68 de son premier livre sur Sri Aurobindo et la Mère puis lors de sa rencontre avec celle-ci.


L.V. AVAIT UNE BONNE OPINION DE SATPREM

P. 7. « […] Satprem […] cet homme qui a passé toutes ces années dans l’intense creuset de Mère, à écouter son cheminement dans l’après-demain de l’homme, ne peut être qu’un mentor parfait, plein de délicatesse et de compréhension pour les jeunes êtres autour qui voient en lui à la fois un frère et un exemple… »


L.V. CONNUT ET AIMA L’ASPECT DE RÉVOLTÉ SOCIAL DE SATPREM

Tôt ou tard, L.V. prit connaissance de la vie de Satprem en en lisant les livres ou autrement, avec notamment l’aspect de révolté social, qui lui plut.

P. 10. « […] rebelle […] l’un des plus grands attraits du caractère de Satprem dans sa relation au monde et aux autres. Par son talent avec les mots et la langue française, […] objet de fascination et de séduction. […] louanges et […] témoignages d’admiration […] sur le mode : "Satprem l’Admirable Rebelle", "Satprem et la Poésie de la Dissidence" etc. […] une inépuisable source de fascination pour autrui […]. »


L.V. CONNUT L’ASPECT RELATIVEMENT SOLITAIRE DE SATPREM

Tôt ou tard, L.V. prit connaissance de la vie de Satprem en en lisant les livres ou autrement, avec notamment l’aspect relativement solitaire de Satprem.

P. 14. « Toute sa vie l’avait placé à l’écart des autres, depuis les fuites en forêt amazonienne ou dans l’Himalaya, jusqu’à l’Ashram, […], à part Sujata, qui deviendra sa compagne. »


L.V. CONNUT L’ASPECT ORDINAIRE DE SATPREM ET SON ASPIRATION AU DÉPASSEMENT

Tôt ou tard, L.V. prit connaissance de la vie de Satprem en en lisant les livres ou autrement, avec notamment l’attitude où celui-ci, contrairement à d’autres individus, ne chercha pas à cacher certains éléments de sa personnalité, ne chercha pas à se faire passer comme entièrement bon (selon un critère ordinaire). Ça plut à L.V.

P. 7. « Mais au fond Satprem n’a jamais prétendu être un petit saint : au contraire, c’est sa part d’humanité "normale", alliée à une volonté affichée de dépasser l’humain, qui a toujours constitué l’originalité de sa personnalité et de l’attirance qu’il exerce autour de lui. »


EN 73, MISE AU TOMBEAU DE LA MÈRE-MIRRA ALFASSA

P. 15. « […] Satprem […] les circonstances du départ de Mère tel qu’il l’avait vécu, mentionnant en particulier l’usage que, durant les derniers jours de sa vie, les "gardiens" de Mère avait fait sur elle d’un puissant sédatif, un neuroleptique utilisé pour "gérer" les accès d’humeur des patients psychiatriques. »

Il est parlé de la mise au tombeau de la Mère, celle de la femme qui était l’incarnation de la Mère, le 17 novembre 73.
(Des gens ne comprennent pas que, sans parler ici de Sri Aurobindo, le nom la Mère est d’abord celui d’un plan de conscience, d’énergie, etc., qui, en grande partie, s’incarna dans une femme et que ce fut pour cela que celle-ci fut appelée la Mère par Sri Aurobindo. L’incarnation cessant, la Mère continue de faire pression pour sa manifestation, d’agir, de le tenter chaque fois que possible, à mesure de la réceptivité des humains, ou autrement. C’est un minimum à comprendre. Quelqu’un de plus développé pourrait dire que ce qui vient d’être écrit simplement et brièvement comporte des erreurs mais ça n’a pas d’importance pour ici. Pour savoir davantage et précisément, lire les livres de Sri Aurobindo et de la Mère.)


QUE FIT L.V. APRÈS SA RENCONTRE AVEC SATPREM ?

L.V. rencontra Satprem en 69. Que fit-il au cours des premières années suivantes ? Ici, on ne sait pas.


L.V. ALLA VIVRE À AUROVILLE

P. 2. « Au début de 1976, alors que je résidais depuis quelques années à Auroville, […]. »

P. 8. « Ma vie s’écoulait comme un long fleuve tranquille, et peut-être trop terne ».
À partir de quand L.V. alla-t-il vivre à Auroville ? Est-ce que ce fut avant novembre 73 ?
L.V. ne donna pas d’informations sur ce qui le poussa à y aller. On ne sait donc rien à propos de ses conceptions et perceptions de l’époque.
Ce qu’il vivait à Auroville avant le « début de 1976 » fut ainsi indiqué p. 8.


L.V. SE PRÉSENTA À SATPREM POUR LE SOUTENIR

P. 2. « Au début de 1976, alors que je résidais depuis quelques années à Auroville, j’avais pris connaissance "par hasard" d’un paquet de feuillets ronéotypés qui circulaient alors librement parmi les Auroviliens, et qui faisaient état de "menaces" que certains notables de l’Ashram faisaient peser sur les manuscrits originaux de l’Agenda de Mère, que Satprem conservait chez lui à Nandanam. / Mon sang n’a fait qu’un tour et je me suis précipité, sans réfléchir, pour lui offrir mon soutien […]. »
L’apport d’un soutien en 76 fut effectué « sans réfléchir ». Elle fut une action sous une impulsion du psychique de L.V., s’exprimant avec ou à travers une compréhension mentale et un élément du vital, ce qui n’est pas reprochable, ce qui est normal. Tout ça fut bon, puisque ce fut accompli par quelqu’un tel qu’il était. (Dans tout le présent texte, le mot psychique, qui fait partie du vocabulaire caractéristique de Sri Aurobindo et la Mère, est employé pour désigner ce qu’ils appellent aussi guide intérieur, c’est-à-dire qu’il est perceptible en soi, pas pour désigner une autre situation.)
L.V. n’indiqua pas si, avant d’apporter son soutien en 76, il avait déjà eu une ou plusieurs occasions de travailler avec Satprem, ce qui leur aurait déjà permis de se connaitre. Il ne semble pas que ça ait existé.
Le psychique de L.V. le poussa en 76 dans une situation avec un grand enjeu, une situation forte, où il se démarquait grandement.
L.V. dit qu’il offrit son « soutien » à Satprem. C’est ce qui était à la surface en étant exact mais, pas loin dessous, la situation était qu’il voulut contribuer à sauver les manuscrits, c’est-à-dire à sauver ce qui était écrit dedans. Ainsi, il voulut apporter son soutien à l’auteur des paroles transcrites, c’est-à-dire à la Mère et, en conséquence, à Satprem.

P. 2. « […] mon histoire commence par un enthousiasme d’enfant, suivi d’un don de soi. »
« 
enthousiasme d’enfant » : rien à reprocher. Ça se rapporte à « précipité » et « sans réfléchir ».

« don de soi » : à quoi ? à qui ? Si ce fut seulement à Satprem, ça ne fut pas bien, ce fut une mauvaise position de conscience, un mauvais centrage.


L.V. SE RETROUVA DANS UN COMBAT, QUI LUI ÉTAIT NOUVEAU

Pages 2 et 3. « Mon sang n’a fait qu’un tour et je me suis précipité, sans réfléchir, pour lui offrir mon soutien contre un "ennemi", aussi vague pour moi que s’il s’agissait d’un roman, mais qui était bien réel et concret pour lui, et sur lequel il pouvait mettre des visages et des corps de chair et d’os. […] luttes […] Satprem, de par sa personnalité et ses prises de position antérieures, était l’un des principaux acteurs. […] Ainsi, […], une nouvelle vie s’ouvrait à moi. J’avais, en quelque sorte, choisi mon camp. Dans mon enthousiasme, j’adhérais à tout un passé qui m’était pourtant étranger ; […]. Il y aurait désormais des "pour" et des "contre", des "blancs" et des "noirs" […] – et plus aucune hésitation. Le monde était devenu […] simple et linéaire. Je m’engageais sur un chemin tout tracé, dont Satprem détenait la carte. […] J’avais finalement une Vraie Cause à défendre, âprement, contre des ennemis sans nombre (et souvent sans visage). »
P. 8. « […] j’allais à contre-courant de tout ce qui était établi et reconnu. […] une collectivité d’aînés – l’Ashram – à laquelle Sri Aurobindo et Mère avaient consacré la meilleure partie de leur vie et de leurs efforts – […]. »

Si L.V., avant d’apporter son soutien à Satprem, pensait être dans une situation qui se rattachait à la Mère, il était déjà dans le camp de celle-ci, et de Satprem. En apportant son soutien à celui-ci, il ne fit donc pas le choix de son « camp » mais il s’engagea davantage dans celui dans lequel il était déjà, il s’engagea consciemment dans le conflit qui existait déjà, il se retrouva consciemment dedans.
Objectivement, L.V. se trompa lorsqu’il écrivit que ce fut seulement « désormais » qu’il y eut « des "pour" et des "contre", des "blancs" et des "noirs" ». Au mieux, la situation fut que, « désormais », pour lui, il y eut cela, puisqu’il devint conscient de l’histoire qui existait déjà, dans laquelle il y avait déjà cela. (Mais L.V. s’exprima ainsi pour une cause qui est indiquée plus loin, qui est une interprétation spéciale.)
En disant, « et plus aucune hésitation », est-ce que L.V. exprima que, avant, il savait qu’il y avait deux camps et ne savait dans lequel se mettre ? Il ne semble pas.
L.V. dit que, à propos de l’Ashram, la situation dans laquelle il se retrouva allait « à contre-courant de tout ce qui était établi et reconnu » … par lui, notamment.
La découverte de nouvelles connaissances par exemple peut provoquer un changement de position, un changement de vie. Il n’y a pas de problème en cela.



L’ASHRAM ET SATPREM

P. 5 et 6. « Il est peut-être bon, ici, de dire quelques mots de l’Ashram, afin de dissiper certains malentendus en remettant son existence et son développement sur la vraie base qui était la sienne, […]. En 1954, lors d’un entretien de Mère au terrain de jeu, un enfant concluait péremptoirement : "Mère, tu perds ton temps avec tous ces gens de l’Ashram maintenant." Et elle répondait : "Mais vois-tu, au point de vue occulte, c’est une sélection. Au point de vue extérieur, vous pouvez vous dire que, dans le monde, il y a des gens qui vous sont très supérieurs (je ne vous contredirai pas), mais au point de vue occulte, c’est une sélection." Et elle ajoutait ce constat : "Mais au fond, pour dire la vérité, je crois que vous avez une vie si facile que vous ne vous donnez pas beaucoup de mal ! Est-ce qu’il y en a beaucoup d’entre vous qui ont vraiment un intense besoin de trouver leur être psychique ? de savoir ce qu’ils sont vraiment ? ce qu’ils ont à faire, pourquoi ils sont ici ? On se laisse vivre." (25/8/54)
Le "laisser-vivre" ne s’améliorera pas avec le temps, comme elle le confiait à Satprem quelques années plus tard : "Il y en a beaucoup – beaucoup – qui pensent que je mourrai et qui font des préparatifs pour ne pas être tout à fait sur le pavé quand je partirai : tout ça, je le sais… Il y a des gens… oh ! ils souhaiteraient presque que je m’en aille, parce que c’est pour eux une contrainte. Ils me le disent très franchement : ‘Tant que vous êtes là, nous sommes obligés de faire le yoga, mais nous ne voulons pas faire le yoga, nous voulons vivre tranquilles ; et alors si vous n’êtes plus là, eh bien, nous n’aurons plus à penser au yoga’ !" (22/4/61)
Bien entendu Satprem ne pouvait être que profondément bouleversé par ces propos de Mère. Lui le rebelle à toute forme d’institution et d’organisation voyait dans cet Ashram à la dérive la justification et la réalisation de ses pires appréhensions, un cauchemar devenir réalité. 
»

Il y a erreur à dire que Satprem était « rebelle à toute forme d’institution et d’organisation » puisqu’il créa les Instituts-éditeurs de l’Agenda. Pour ne pas la commettre, il aurait fallu être plus précis.


L.V. EUT CONSCIENCE DE SE METTRE EN UNE POSITION IMPORTANTE ET QU’IL Y AVAIT UN GRAND CHANGEMENT DANS SA VIE

P. 3. « Ainsi, subtilement, une nouvelle vie s’ouvrait à moi. […] plus aucune hésitation […] entrer de plain-pied dans le monde des responsabilités et se libérer de sa part d’enfance. J’avais troqué mes hésitations et mes incertitudes de jeune homme pour une certitude résolue […]. […] l’enfant en moi […] se sentait fortifié d’une vie neuve, débarrassé de son cocon infantile, enfin "responsable". […] être devenu adulte par une prise de position "adulte". J’avais finalement une Vraie Cause à défendre, âprement, […] »
À propos de quoi L.V. n’eut-il « plus aucune hésitation » ? À propos de quoi avait-il avant des « hésitations » et des « incertitudes » ?

Est-ce qu’il n’avait encore eu aucune expérience qui lui aurait permis de savoir qu’il avait avancé sur le chemin du yoga intégral de Sri Aurobindo et de la Mère ? Que ce soit oui ou non, est-ce que, avant, il cherchait encore son action à accomplir et qu’il l’avait désormais trouvée ? C’est possible et même probable. Si oui, ce serait ainsi qu’il faudrait comprendre « J’avais finalement une Vraie Cause à défendre ».


LE CHOIX DEVANT LEQUEL L.V. DIT AVOIR ÉTÉ

P. 7. « […] Satprem […] cet homme qui a passé toutes ces années dans l’intense creuset de Mère, à écouter son cheminement dans l’après-demain de l’homme, ne peut être qu’un mentor parfait, plein de délicatesse et de compréhension pour les jeunes êtres autour qui voient en lui à la fois un frère et un exemple… / Eh bien il n’en est rien. Des dehors parfaits de cordialité et d’hospitalité ne suffisent pas à cacher au nouvel arrivant l’examen de passage qui est en cours : le test d’une adhésion exclusive et absolue. Dans un éclair, il pressent qu’un engagement personnel sans équivoque est indispensable et impératif pour aller plus avant dans cette nouvelle relation, qu’il doit payer de sa personne avec des deniers de fidélité et d’allégeance, un peu comme on le fait pour entrer dans certains ordres. »

« un mentor parfait » : pour L.V., il y eut largement plus que ça.
« un exemple » : L.V. ne le suivit pas pour les causes indiquées dans la partie suivante.
Si Satprem faisait passer un « examen de passage », un « test », à quelqu’un qui postulait pour travailler avec lui, ça serait compréhensible. Le problème serait de savoir ce qui était examiné, testé.
L.V. parla de « certains ordres ». Il ne précisa pas, pensant que tout le monde pouvait comprendre qu’il parlait de groupes monacaux chrétiens, car dans son subconscient il y a un peu de christianisme catholique romain, pas beaucoup semble-t-il. Parler de ces groupes montre qu’avant il parlait d’adhésion et d’allégeance à Satprem.
L.V. fit ainsi comprendre que ce qui était testé était l’« adhésion exclusive et absolue » à Satprem, « un engagement personnel sans équivoque » envers lui.
Est-ce que c’était vraiment ça ?
Quoi qu’il en soit, il était normal que quelqu’un qui postulait pour travailler avec Satprem se retrouvât en position subalterne par rapport au travail de publication de l’Agenda, en position d’obéissance, à propos de ce travail.
Dans tous les cas, est-ce que ça impliquait par exemple de renoncer à s’occuper de suivre son guide intérieur ? Non !
Et si c’était exigé, personne, adulte, n’était obligé de l’accepter.
(L.V. dit que tout « nouvel arrivant » devait passer le test qu’il dit avoir existé.)

Suite immédiate.
« Sans mot, dans une sorte d’évidence, un choix clair se présente à lui : "Voici l’Aventure qui frappe à ta porte. Ouvre cette porte dans une totale et absolue adhésion qui renonce à la petitesse de la raison raisonneuse, et peut-être raisonnable, à la critique à bon marché. Si tu ne peux ou ne veux pas renoncer à ton petit toi-même et t’ouvrir à cette plus grande dimension qui s’offre, alors passe ton chemin – mais sache que tu renonces peut-être par là même à l’unique chance que tu avais de faire de ta vie autre chose que cette vague forme grise que les hommes appellent existence." / Tels étaient les mots, dans leur transcription d’aujourd’hui, que j’ai perçus il y a plus de trente ans, au tout début de ma relation avec Satprem. C’était comme un souffle à peine distinct, à peine défini, dont l’enjeu même m’était inconnu. Mais ce souffle était là, bien réel, et entièrement déterminant pour l’avenir. »
Il ne fut pas écrit que ce fût Satprem qui proposa le « choix ».

Il fut écrit qu’un « choix » se formât dans le mental de L.V. en 76, avec ses mots à lui, et, en plus, « dans leur transcription d’aujourd’hui », c’est-à-dire d’après l’état de conscience de celui-ci en 07. Faisons comme si L.V. exprima le choix devant lequel il se retrouva en 76, en sachant que la position de Satprem pouvait être différente : il suffit parfois d’un ou deux mots différents pour changer une signification.
Selon ce qu’écrivit L.V., à quoi aurait-il fallu « une totale et absolue adhésion » ? Est-ce que c’était à « l’Aventure » ou à Satprem ? Littéralement, c’était à cette première. L’« adhésion » à elle pouvait impliquer l’adhésion à la position de Satprem à l’époque, mais n’impliquait pas par exemple de renoncer immédiatement à suivre son guide intérieur. L’adhésion à la position de Satprem ne l’impliquait pas non plus mais ça pouvait exister… sans que ça empêchât de se récupérer ensuite.
Toujours d’après ce qu’écrivit L.V., on comprend que le choix était de se placer ou non dans « l’Aventure » qui, à l’époque, consistait à agir à propos de ce qui allait devenir l’Agenda publié, dans un cadre de bataille contre l’Ashram.
Dans cette affaire, « renoncer à ton petit toi-même » ne signifie pas renoncer à ce qui, en soi, n’est pas « petit », notamment le guide intérieur. Pourtant, L.V., ailleurs dans son texte, fit comme si ça le signifiait.
En plus, par rapport à « vague forme grise que les hommes appellent existence », « l’unique chance » d’une vie meilleure serait, après avoir décidé d’aller soutenir Satprem dans son activité, d’accepter la nouvelle situation où l’on se retrouvait (même sans la comprendre, etc.). Or, ce n’était pas « l’unique chance » car, pour quiconque admet la possibilité d’évolution accélérée qu’est le yoga intégral de Sri Aurobindo et la Mère, et en comprenant et pratiquant, il y a toutes les situations dans lesquelles se retrouvent tous les individus qui pratiquent le yoga intégral sans être en train de travailler avec Satprem.
L.V. ne le comprit pas car, avant, il n’y avait que sa vie qui s’écoulait « comme un long fleuve tranquille, et peut-être trop terne ». Et alors il se mit dans une situation qui fut sa « chance » à lui.
Il est vrai que ce fut une grande occasion de se créer une situation forte, de pouvoir faire un progrès, car L.V. se plaça à un centre d’action.
Une condition était que, après s’être présenté à Satprem comme soutien, et après avoir été informé de la situation, il ne contredise pas son guide intérieur ni autre chose éventuellement qui relevait du bien.
Si le guide intérieur de L.V. lui avait dit de ne pas se mettre dans cette situation ou de ne pas y rester, il aurait fallu obéir et, donc, repartir, quitter Satprem, renoncer à le soutenir, ce qui était l’autre alternative du « choix », exprimée par « passe ton chemin ». Sinon, il y aurait la perte de l’occasion de progresser directement (jusqu’à une éventuelle remise sur le bon chemin).


CE QUE DÉCIDA L.V. : À PROPOS DE SON ESSENTIEL, IL RENONÇA À UTILISER SA RAISON ET À SE RÉFÉRER À SON PSYCHIQUE, POUR SE CENTRER SUR SATPREM

Dans ce qui suit, il y a ce qui correspond à certaines des coupures faites dans le passage publié un peu plus haut sous le titre : L.V. se retrouva dans un combat, qui lui était nouveau, et dans celui dont le titre commence par : L.V. eut conscience.


P. 2 et 3. « […] mon histoire commence par un enthousiasme d’enfant, suivi d’un don de soi. […] je me suis précipité, sans réfléchir, pour lui offrir mon soutien […]. […] en offrant mon soutien je faisais également l’offrande de la réflexion et de la raison sur l’autel de la spontanéité. Ainsi, […]. »
L.V. offrit son « soutien » à Satprem (ce qui est correct), et on comprend que c’est aussi à lui qu’il fit « don de soi » (ce qui n’est pas correct mais peut se comprendre pour L.V. dans l’état où il était).
Lorsque L.V. apporta son soutien à Satprem, il le fit avec « spontanéité », sous une impulsion de son psychique s’exprimant avec ou à travers une compréhension mentale et un élément du vital, ce qui est normal. Tout ça fut bon, puisque ce fut accompli par quelqu’un tel qu’il était.
Dans le cadre d’une situation résultant de ce que voulait le psychique de L.V., rien n’empêchait celui-ci d’utiliser sa raison pour tenter de comprendre la nouvelle situation dans laquelle il se retrouvait, surtout le combat contre l’Ashram qui semble lui avoir été le grand sujet incompréhensible. Il n’y a aucun problème à utiliser sa raison lorsqu’elle n’est pas en contradiction avec le guide intérieur.
Pourtant, L.V. écrivit qu’il renonça à l’exercer !
L.V. parla d’un renoncement à « la réflexion » et à « la raison » mais il renonça à plus que cela puisqu’il renonça à suivre son psychique, son guide intérieur.

P. 3. « […] dont Satprem détenait la carte. Par un simple geste d’une demi-seconde, j’avais remis à un autre que moi le soin de comprendre et d’interpréter le monde autour de moi. J’acceptais de plonger corps et âme dans un univers déjà formaté à l’élaboration duquel je n’avais pas participé, mais auquel je me devais d’adhérer intégralement, sans arrière-pensée, car c’était à ce seul prix que l’on pouvait entrer de plain-pied dans le monde des responsabilités et se libérer de sa part d’enfance. J’avais troqué mes hésitations et mes incertitudes de jeune homme pour une certitude résolue qui n’émanait pas de moi. Mais l’enfant en moi s’accommodait fort bien de cette nouvelle situation, car il se sentait fortifié d’une vie neuve, […]. »
(Dire « corps et âme » put provenir d’un subconscient chrétien individuel. Ça put provenir aussi d’éléments chrétiens qui sont dans le subconscient collectif français et dont L.V. ne s’était pas débarrassé.)
Le mot « devais » (dans « je me devais d’adhérer ») exprime une obligation et L.V. seul s’obligea à agir ainsi. La cause était que, selon lui, c’était le « seul » moyen pour continuer d’être dans la situation nouvelle avec Satprem dans laquelle il s’était mis.
Il renonça à suivre son psychique et sa raison lorsqu’elle n’est pas en contradiction avec ce dernier. En correspondance avec cela, il remplaça la « certitude intérieure » qu’il avait eu, d’abord en conséquence de sa lecture en 68 de son premier livre sur Sri Aurobindo et la Mère puis lors de sa rencontre avec celle-ci, par « une certitude résolue qui n’émanait pas de » lui mais de Satprem.
L.V. remit la direction de sa vie, et lui-même, à Satprem. Il lui suffirait désormais de faire ce que lui dirait celui-ci, de lui obéir.
L.V. se plaça ainsi dans de l’abjection.
L’apport de son soutien à Satprem n’impliquait pas cela mais L.V. décida, seul, de renoncer au meilleur de lui-même.
En 07, L.V. avait compris cela.

P. 8. « Dans le même temps où je percevais ce "choix" qui m’était donné, je sentais également toute l’épaisseur vaguement sulfureuse du monde qui s’offrait à moi. Je rentrais de plain-pied dans la controverse, voire le scandale : j’allais à contre-courant de tout ce qui était établi et reconnu. J’étais sommé de fouler aux pieds une collectivité d’aînés – l’Ashram – à laquelle Sri Aurobindo et Mère avaient consacré la meilleure partie de leur vie et de leurs efforts – au nom d’une Vérité "supérieure" que je devais absorber sans comprendre et sans piper mot. »

Personne n’obligea L.V. à « absorber » cela, à ne pas « comprendre », ni à rester « sans piper mot ».
Après qu’il ait appris l’existence d’une situation de conflit (qu’elle ait ou n’ait pas correspondu à de la réalité), s’il ne voulait pas être dedans en une place importante, il pouvait partir. Personne ne l’obligea à s’y retrouver s’il ne le voulait pas, ni à y rester.
Même si L.V. fut « sommé » par Satprem de faire ce qui fut écrit, rien ne l’obligeait à obéir car il pouvait partir.
En disant « sommé » et « devais », L.V. fit comme s’il avait été obligé, comme s’il était une victime de Satprem.
Pour L.V., ce ne fut pas par celui-ci mais par lui-même, par son ego, qu’il fut « sommé » d’accepter la situation où il se retrouva après avoir rejoint Satprem, alors qu’il ne la comprenait pas, alors qu’elle le choquait partiellement semble-t-il, au lieu de se mettre à réfléchir pour chercher à comprendre.
Ce fut seulement lui, à cause de son ego, qui pensa devoir accepter la situation qu’il ne comprenait pas, sans chercher à la comprendre, et en renonçant à la comprendre.
(L.V. en 07 n’exprima même pas qu’une partie de lui-même voulait contribuer à la sauvegarde et à la publication de l’Agenda mais ne voulait pas se soumettre à Satprem au-delà de ce qui était légitime.)
L.V. s’était centré, à tort, sur Satprem.
Par ailleurs, en quoi « la controverse » et même « le scandale » auraient, par eux-mêmes, un caractère sulfureux ? Ce dernier mot en lui-même, et son emploi à propos de « controverse » et de « scandale », relèvent d’un subconscient chrétien individuel, ou sont des éléments chrétiens qui sont dans le subconscient collectif français et dont L.V. ne s’était pas débarrassé.
Qu’est-ce qu’il y a de sulfureux à être dans « la controverse », « le scandale » ? L.V. aurait même pu dire : « dans » un conflit, dans une guerre, dans une révolution. Et le fait que quelque chose provoque du scandale ne montre rien à propos de sa nature : des opprimés peuvent être scandalisés par la situation sociale et peuvent s’occuper de changer celle-ci, et des tyrans peuvent être scandalisés qu’on veuille les renverser, qu’on veuille détruire leur domination.
L’emploi du mot « sulfureuse » montre que, lorsque L.V. écrivit ce passage, il était au moins partiellement dans de la subjectivité.


L.V. FUT ENTHOUSIASMÉ ET, EN PLUS, AVEC SON ORGUEIL ÉVEILLÉ, IL S’IMAGINA QU’UNE « GRANDE FORCE » AVAIT PÉNÉTRÉ EN LUI, ET IL ESPÉRA OBTENIR DE GRANDS ÉVÈNEMENTS INTÉRIEURS QU’IL S’IMAGINAIT, SURTOUT UN ACCOMPLISSEMENT PHYSIQUE

P. 8. « […] sans piper mot. / À ma place, d’autres auraient peut-être hésité, protesté, mais – et c’est là que le vital humain enfantin entre dans la danse – tous ces obstacles et ces négations m’apparaissaient, au contraire, comme la preuve irréfutable que j’étais bien dans la vraie aventure, celle qui fait table rase des ennuyeuses neutralités pour s’engager sur les chemins rugueux et parsemés d’embûches. […] Et puis tous ces ennemis […] faisaient décidemment très sérieux dans le tableau ; ils rendaient l’enjeu d’autant plus alléchant, crédible et véridique. / De fait, l’enthousiasme […] vital humain. Ma vie s’écoulait comme un long fleuve tranquille, et peut-être trop terne, et voilà qu’en quelques instants une frénésie interne s’empare de moi ; je me sens basculer dans un monde que je n’avais même pas entrevu l’instant d’avant, et qui m’enjoint de remettre en cause mes façons de sentir et de penser. C’est évidemment le signe qu’une grande force a pénétré en moi et m’entraîne. […] »

L.V. reconnut que son vital était en jeu, et c’était normal, pas reprochable.
Il s’imagina qu’il y avait le « signe » de ce qu’il indiqua, « une grande force » qui aurait « pénétré » en lui. Il se raconta des histoires qui étaient orgueilleuses. Son mental et son vital, se soutenant l’un l’autre, s’agitèrent. L.V. s’illusionna sur lui-même.

P. 8. « Et puis cet "enthousiasme" vital me cachait mes contradictions inhérentes à ma nouvelle adhésion. […] Sans sourciller, je m’apprêtais à dérouler un cortège de sourds ressentiments à l’égard de tout ce qui n’était pas ma nouvelle religion, »
(On comprend l’emploi figuré du mot « religion » mais qu’est-ce qui est sous-entendu par le mot « nouvelle » ? Est-ce que L.V. fit allusion à sa situation antérieure de scientifique tel qu’il l’était, peut-être matérialiste, peut-être autre ?)

Suite immédiate.
« tout en me réclamant de l’universalité de la vision de Sri Aurobindo qui embrasse tout dans sa compréhension. »
L.V. se référait à « l’universalité de Sri Aurobindo », c’est-à-dire à un concept qu’il avait, un idéal, un élément mental.
Par ailleurs, L.V., encore en 2007*, ne comprenait pas que « l’universalité de la vision de Sri Aurobindo », celle qui « embrasse tout dans sa compréhension », existe du point de vue du plan supramental (puisque tous les autres plans lui sont inférieurs en provenant d’un processus de division qui est de plus en plus diviseur, où la connaissance est de plus en plus déformée, perdue, détournée, renversée, transformée en son contraire, et avec un processus de densification de plus en plus grande, et un processus de complexification de plus en plus grande). Mais ce qui existe du point de vue du plan supramental n’empêche pas l’existence d’ennemis, de combats, de destructions, de morts, et pas seulement sur le plan physique. L.V. aurait pu penser notamment à la Bhagavad Guita, à ce que dit et fit Sri Aurobindo contre l’envahisseur britannique de l’Inde, à ce qu’il dit de la Révolution française, et il y a d’autres textes.
L’opposition, la contradiction, faite par L.V. entre des ennemis qui sont les objets de ses « ressentiments » et « l’universalité » évoquée n’existait pas. (Savoir si l’opposition et le combat étaient légitimes, savoir s’il y avait un bon camp et un mauvais, etc., sont d’autres problèmes.)

P. 8. « […] je restais intouchable dans le cocon de mes certitudes supérieures. / En fin de compte, les quelques objections qu’aurait pu soulever un mental plus adulte et réfléchi allaient être complètement balayées, anéanties par une autre illusion vitale : les promesses et potentialités spirituelles que recélait ma nouvelle situation. N’était-ce pas, en effet, une occasion rêvée de se rapprocher du vrai Travail terrestre de Mère et Sri Aurobindo, avec tous les espoirs d’accomplissements personnels que cela comportait ? »
P. 22. « […] "l’illumination" que j’appelais de mes vœux. »
P. 29. « […] cette aspiration à la transformation corporelle. »
L.V. parla de « promesses ». À quoi fit-il allusion ? Qui en fit à L.V. ? Ça ne pourrait être que Satprem mais est-ce qu’il en fit !?

L.V. aurait pu espérer que son soutien apporté à Satprem aurait pour effet d’accélérer son développement évolutif individuel à partir de l’état où il était, en s’occupant de la suite immédiate de ce développement puis de celle d’après, etc. Ça n’aurait pas été reprochable, ça aurait été normal, et bien. Mais ce ne fut pas de cela que parla L.V.
Le yoga intégral est praticable partout sur la Terre et plus on se développe par lui, plus on se rapproche de ce qui doit être rapproché.
Or, L.V., en se rapprochant de Satprem, considéra que ça le rapprochait du « vrai Travail terrestre de Mère et Sri Aurobindo ». Il considéra que ça le rapprochait « d’accomplissements personnels », de son « illumination », de sa propre « transformation corporelle ». Il concevait cela à sa manière personnelle, qui pouvait être erronée ; le mot « accomplissements » exprime l’idée de fin, de stade final.
L.V. espéra donc vivre de grandes expériences qu’il imaginait, pensant à des évènements d’un état de développement plutôt très très lointain, mais sans s’occuper de faire ce qu’il fallait pour se développer à partir de l’état où il était.
L.V., au lieu d’agir correctement en pratiquant le yoga intégral, avait ses grandes ambitions orgueilleuses, et comptait sur sa fréquentation de Satprem, avec obéissance aveugle, pour les atteindre. C’était voué à l’échec.
L.V., en pensant « se rapprocher du vrai Travail », commença par s’éloigner de ce qui aurait permis son développement personnel. (Cela dit, s’occuper de l’édition de l’Agenda était de la bonne action, et ça aurait pu être une occasion d’un tel développement mais L.V. ne saisit pas celle-ci et compliqua tout en s’enfonçant de plus en plus dans des ténèbres.)
L.V. n’avait-il pas encore commencé vraiment ? N’avait-il pas encore commencé à sentir quoi que ce soit en lui ? (Est-ce que c’est notamment ça qui fut exprimé par ceci, déjà cité : « Ma vie s’écoulait comme un long fleuve tranquille, et peut-être trop terne, […]. »)
Lorsque L.V. commença à s’intéresser à… quelque chose en relation avec l’apport de Sri Aurobindo et la Mère, est-ce que ce fut l’aspect de « transformation corporelle » qui l’intéressa le plus et qui l’accrocha ? Si oui, est-ce qu’il avait compris cela comme étant la prolongation indéfinie de lui-même tel qu’il était, celle de son ego ?

P. 8. « […] les espoirs d’accomplissements personnels que cela comportait ? L’espoir, enfin, de dépasser l’anonymat de l’aspirant-tout-venant pour entrer dans le cercle magique des Élus… »
L.V. indiqua qu’il était « aspirant-tout-venant ». De quoi était-il aspirant ? Est-ce qu’il était aspirant avec une bonne position de conscience ? Est-ce qu’il aspirait à s’ouvrir comme il faut à ce qu’il faut ? Est-ce qu’il voulait se mettre au service de son guide intérieur ? Est-ce qu’il voulait se mettre au service de la Mère ?
Non ! il était déjà aspirant à vivre quelque chose à propos de cellules de son corps, de transformation corporelle, etc. En plus, il l’était sans s’occuper de commencer à avancer sur le chemin !
Entrer dans un « cercle magique », façon de parler, rendit L.V. orgueilleux, mais ça ne serait pas reprochable car naturel en 76 pour lui.
L’idée de travailler avec Satprem rendit L.V. orgueilleux, et d’une manière, littéralement, où il n’y a pas d’effort personnel : les « Élus » !
Un problème est que l’enjeu n’était pas de se rapprocher de Satprem mais de se rapprocher de son propre psychique (c’est-à-dire de lui permettre de s’exprimer de plus en plus dans la vie) et aussi d’être de plus en plus un serviteur de la Mère. Est-ce que L.V. fit cela ? Il le fit lorsqu’il suivit son psychique et travailla en faveur de l’Agenda, que ce soit ou non en fréquentant Satprem. Il ne le fit pas dès qu’il renonça à utiliser sa raison et à suivre son guide intérieur pour se mettre à obéir à Satprem.
Par ailleurs, L.V. pensait que tous les individus s’intéressant à Sri Aurobindo et la Mère étaient comme lui ! Ça se déduit du nom « aspirant-tout-venant » : les uns en nombre majoritaire seraient dans « l’anonymat » et quelques-uns seraient dans le « cercle magique des Élus » ! L.V. n’avait pas compris le b-a-ba du yoga intégral de Sri Aurobindo et la Mère !
On peut (ou on pouvait) s’y intéresser et se mettre à le pratiquer avant de savoir que dans cette affaire il est parlé de phénomènes liés à de la transformation corporelle et d’une nouvelle sorte d’êtres à venir. Étant dans cet état d’ignorance, lorsqu’on prenait connaissance de l’annonce que ces phénomènes étaient censés finir par exister, on peut (ou on pouvait) trouver cela complètement dément mais décider de continuer sur le chemin car ça apportait de l’épanouissement individuel, notamment celui consécutif à se mettre de plus en harmonie avec son psychique. Avec le temps qui passe et le développement du mental, ce qui avait paru dément finit par être envisagé comme pouvant exister, et comme devant exister puisque Sri Aurobindo et la Mère l’annoncèrent. Et puis la pratique du yoga intégral peut être accompagnée par la conscience de contribuer ainsi à la manifestation supramentale, à la mesure de chacun, sans qu’il y ait l’ambition de se retrouver soi-même à l’état de très grand développement où arrive quelque chose où il peut être parlé de transformation corporelle.

Suite immédiate.
« / Devant ce Graal inespéré, quel vital humain ferait la fine bouche ? Quel vital serait assez pur, assez mature, pour prendre le recul nécessaire et s’accorder le temps de la réflexion ? / […] ce piège vital […]. »
Le mot « Graal » se rapporte aussi aux grandes expériences que L.V. imaginait pouvoir arriver à vivre par la fréquentation de Satprem. (Ce mot est un élément du subconscient chrétien catholique romain romanesque français de L.V.)
D’après ce qu’écrivit L.V., en 76 il commença par suivre son psychique s’exprimant à travers son mental et son vital tels qu’ils étaient et ce fut normal, pas reprochable. Il se retrouva ainsi près de Satprem. Étant arrivé, aussitôt son vital domina et entraina son mental en écrasant son psychique. C’est son karma qui s’activa. (Ce mot « karma » est employé ici avec la signification qui était celle de la Mère et que L.V. plaça dans son texte de 07, comme indiqué plus loin : « Le karma, c’est la construction de l’ego ». Le karma est donc toujours un poids dont il faut se libérer tôt ou tard. Il n’y a donc pas à parler de bon karma et de mauvais karma, ni de la bonne partie du karma et de la mauvaise.)
En 07, L.V. n’arriva pas encore à comprendre que tous les individus qui s’intéressent à Sri Aurobindo et la Mère ne commencent pas en ayant comme lui un vital et un mental remplit d’orgueil et d’incompréhensions à propos de tout ce qui était en jeu.


L.V. DIT QUE, PAR SON ACCEPTATION DE TRAVAILLER AVEC SATPREM, IL SE MIT DANS UNE « CAGE AUX ILLUSIONS »

P. 3. « […] dont Satprem détenait la carte. Par un simple geste d’une demi-seconde, j’avais remis à un autre que moi le soin de comprendre et d’interpréter le monde autour de moi. J’acceptais de plonger corps et âme dans un univers déjà formaté à l’élaboration duquel je n’avais pas participé, mais auquel je me devais d’adhérer intégralement, sans arrière-pensée, car c’était à ce seul prix que l’on pouvait entrer de plain-pied dans le monde des responsabilités et se libérer de sa part d’enfance. […] l’enfant en moi […] se sentait fortifié d’une vie neuve, débarrassé de son cocon infantile, enfin "responsable". / J’étais entré dans la cage aux illusions. / Je croyais être devenu adulte par une prise de position "adulte". J’avais finalement une Vraie Cause à défendre, […]. »

P. 8 et 9. « […] je me sens basculer dans un monde que je n’avais même pas entrevu l’instant d’avant, et qui m’enjoint de remettre en cause mes façons de sentir et de penser. C’est évidemment le signe qu’une grande force a pénétré en moi et m’entraîne. […] une autre illusion vitale : les promesses et potentialités spirituelles que recélait ma nouvelle situation. N’était-ce pas, en effet, une occasion rêvée de se rapprocher du vrai Travail terrestre de Mère et Sri Aurobindo, avec tous les espoirs d’accomplissements personnels que cela comportait ? L’espoir, enfin, de dépasser l’anonymat de l’aspirant-tout-venant pour entrer dans le cercle magique des Élus… […] ce Graal inespéré […].
Mais il y a mieux encore dans ce piège vital – ou pire selon le point de vue auquel on se place. Maintenant que la cage s’est refermée sur moi, avec mon plein consentement et ma pleine participation, maintenant qu’elle me possède bel et bien, par une pirouette psychologique […], je renverse les termes du contrat et prétends moi-même en prendre possession. Afin de m’occulter à moi-même la lâcheté et la servilité de ma condition, j’intègre et fais mienne la source de mon emprisonnement, que je vais désormais défendre mordicus contre tous ceux qui voudraient le mettre en cause de quelque façon que ce soit. Non seulement je suis prêt à donner ma vie au service de "ma" cause – et ceci englobe peut-être un sens physique – mais encore je m’insurge contre tous ceux qui émettent des doutes ou des objections voilées sur ses fondements, c’est-à-dire sur Satprem lui-même. 
»

Lorsque L.V. alla rejoindre Satprem, il se démarqua, se plaça dans une nouvelle situation, en relevant du bien. Il n’entra pas dans une « cage ».
Ensuite, ce fut lui qui, obéissant à de mauvais aspects de lui-même, entra presque aussitôt dans des illusions, et n’en sortit plus, et les aggrava.
Satprem fut présenté comme correspondant à des « fondements » de la « cause » de L.V. mais on comprend qu’il était considéré par lui comme étant celle-ci. L.V. s’était centré, à tort, sur Satprem. C’était l’obsession satprémiste. L.V. était un satprémiste vigoureux.
Satprem fut présenté comme étant « la source de » l’« emprisonnement » mais ce fut L.V. qui se créa sa cage. Annoncer qu’il y eut une « pirouette », un « renversement des termes du contrat » est une explication provenant des ténèbres. L.V. ne cessa d’accroitre son illusion concernant ce qu’il se passa, concernant lui-même et concernant Satprem.
Même si Satprem avait tenté d’obliger L.V. à se mettre dans une situation d’enfermement, celui-ci aurait pu refuser, et il aurait pu partir.
La « lâcheté » et la « servilité » de la « condition » de L.V. résultèrent de sa soumission à son ego, jusqu’à perdre son bon centre, puisqu’il se centra sur Satprem.
L.V. ne fut pas une victime consentante. Ce fut lui qui décida de renoncer à exercer sa raison et à suivre son guide intérieur, et de rester avec Satprem. Lui seul sactiva de manière à se retrouver dans une prison, son obsession, celle faite par son ego.
Cela dit, Satprem fut partiellement « la source » des illusions de L.V., de l’emprisonnement de celui-ci dedans, puisqu’il le poussa à s’occuper immédiatement par lui-même de « transformation corporelle », ce qui était de la folie. Par ailleurs, l’état psychologique très mauvais de L.V. devait se percevoir mais Satprem ne semble pas avoir poussé L.V. à prendre référence en lui-même, psychique et raison.
L.V. se rendit compte qu’il eut une position de « lâcheté » mais, en 07, il n’avait pas encore pris conscience de son ampleur ni que s’occuper immédiatement par soi-même de « transformation corporelle » était de la folie.

Suite immédiate.
P. 9. « Au début de la publication de l’Agenda à Paris, lorsqu’un célèbre critique littéraire français, André B., qui avait fait l’éloge des livres de Satprem dans la presse parisienne, me fit part de son "profond désarroi" devant certains commentaires prolixes de Satprem sur la "noirceur et l’horreur du monde", dans lesquels il voyait surtout un accès paranoïde, je m’empressai de prendre ma plus belle plume pour lui prodiguer un réconfort et une dénégation "éclairée", basée sur ma profonde connaissance de Satprem, etc. – alors qu’au fond j’étais parfaitement choqué que quelqu’un "d’intelligent" puisse mettre Satprem en question. »
C’est un exemple du satprémisme de L.V.
Le tome 1 de L’Agenda de Mère parut le premier trimestre de 1978*. Dans son introduction et dans la lettre que diffusa Satprem à l’occasion de cette parution, celui-ci exprima son idéologie néfaste. (Un article du blog Ohoettilto-4 est relatif à ces deux textes.)


L.V. S’ILLUSIONNA À PROPOS DE « TRANSFORMATION » ALORS QU’IL N’ENVISAGEA PAS LA PRATIQUE DU YOGA INTÉGRAL

P. 9. « J’étais désormais un adhérent complet et complètement convaincu. Partout où j’allais, je portais mon petit bréviaire intérieur, qui comportait l’indispensable chapitre selon lequel la rébellion de Satprem faisait partie intégrante de l’œuvre de Sri Aurobindo – et en était même un élément essentiel, voire indispensable. Sa rébellion ouverte, sa dissidence avérée devaient être les signes d’une différence plus profonde, plus intérieure, d’où surgirait une autre façon de vivre sur la terre, un autre mode de fonctionnement : un exemple de l’Être que Sri Aurobindo appelait de ses vœux. / Une fois encore, je confondais la loi essentielle des choses avec leur manifestation d’un moment. Il me semblait aller de soi qu’une attitude de critique éclairée mais absolue et inflexible à l’égard du monde était la clef, ou en tout cas une condition fondamentale, de la transformation. Et la conscience de Satprem était pour moi le creuset idéal pour cette éclosion à venir car elle alliait au plus haut point le raffinement de l’intelligence critique à l’irréductibilité. En lui, toute la tâche humaine semblait accomplie, la boucle bouclée, et il suffirait d’une pichenette pour l’envoyer de l’autre côté… »
« 
adhérent » à quoi ? À la position de Satprem, à Satprem.

Se retrouver dans un « monde » où l’on étouffe, où tout est insupportable, où on peut être en révolte, et où on ne se sent bien nulle part, où on ne tient donc pas en place, etc., peut finir par mener, même sans le chercher (consciemment), à découvrir ce que dirent et firent Sri Aurobindo et la Mère, avec des conséquences dans sa vie de tous les jours. D’autres gens n’éprouvent pas cela mais sont insatisfaits par la croyance qu’ils ont, et ils sont contents de trouver une autre explication du monde, et la pratique qui l’accompagne (et, lorsqu’ils se mettent dans cette affaire, ils peuvent conserver très longtemps ou toujours des éléments importants de l’ancienne conception, qui sont pourtant incompatibles et qui déforment leur compréhension, compliquent leur vie, font du gâchis, … jusqu’à ce que le désordre soit éventuellement corrigé). D’autres gens sont élevés dès leur plus jeune âge par des individus intéressés par Sri Aurobindo et la Mère et qui sont suffisamment avancés pour ne pas en dégouter leurs enfants mais pour les faire se développer correctement. Il y a d’autres cas. L.V. n’envisagea que celui de la révolte, comme « condition fondamentale », seule ou non, à quelque chose. Ce fut une première erreur. (Est-ce que, en février 68, il était dans ce cas ?)
Par ailleurs, L.V. annonça qu’il pensait que la position de « rébellion », de « dissidence », d’« attitude de critique éclairée mais absolue et inflexible » était « une », parmi d’autres, « condition fondamentale », pas de l’engagement sur le début du chemin conscient de l’évolution accélérée indiqué par Sri Aurobindo et la Mère, mais de « la transformation » ! Autrement dit, à partir d’une attitude de début, L.V. envisagea aussitôt quelque chose qui est à un stade très avancé de développement, peut-être lointain et dans une vie future, (et tel qu’il l’imaginait) ! Ce fut une autre erreur.
La même erreur fut exprimée aussi en disant que la « rébellion », la « dissidence », pourrait mener, comme directement, sans une longue pratique du yoga (peut-être pendant plusieurs vies), à l’apparition de « l’Être que Sri Aurobindo appelait de ses vœux ».
L.V., dans sa conception, avait mêlé ses incompréhensions, ce qu’il savait de Satprem, et son souhait, orgueilleux, concernant une « transformation » personnelle, en s’appuyant sur Satprem, en s’appuyant sur son idée de celui-ci, comme justification, comme espoir de « transformation » pour lui-même.
Il est intéressant de ne pas confondre « la loi essentielle des choses » avec ce qui est la « manifestation d’un moment » mais c’est dans le cadre de ce qu’écrivit L.V. qu’il faut comprendre sa phrase où il y a cela.


L.V. AFFIRMA QU’IL EUT UNE « IDENTIFICATION » À SATPREM ET QUE D’AUTRES PERSONNES L’EURENT AUSSI

P. 3. « Mon minuscule geste d’adhésion original me conduisait, par un phénomène d’empathie que je ne contrôlais pas, à m’identifier à son univers intérieur : je sentais comme il sentait, pensais comme il pensait, voyais par ses yeux. »

« adhésion ». À quoi L.V. apporta son secours en 76 ? À quoi adhéra-t-il ?
« 
que je ne contrôlais pas » : que L.V. ne chercha pas à contrôler, et dont il n’était d’ailleurs pas conscient.

« je sentais comme […] yeux » : L.V. exprima en apparence une généralité et, s’il pensait cela, il s’illusionnait partiellement. Mais il est possible qu’il ait voulu parler seulement d’un cas particulier, celui indiqué avant dans son texte, concernant les ennemis ashramites de Satprem (quoi qu’ils aient été en réalité).
L.V. parla d’un phénomène d’identification.
Ce qui apparait est que, en conséquence de la volonté de fréquenter Satprem pour divers avantages, certains immédiats, d’autres espérés, il y eut la volonté de plaire, il y eut le service apporté.
Est-ce qu’il y eut aussi cette partie de l’esprit de courtisan qui fait aller au-devant des demandes, qui fait s’offrir pour satisfaire le plus petit souhait dès que perçu ? Est-ce qu’il y avait aussi la flatterie, même sans cause véritable ?

Suite immédiate.

P. 3. « / Et tout cela fonctionnait le plus naturellement du monde et chacun y trouvait son compte : moi en chaussant des bottes de sept lieues empruntées pour la circonstance ; lui en se dotant d’un aide qui ne ménageait ni le don de soi ni la peine. Par la suite, au cours des années, j’ai pu constater que, à des degrés divers, ce même phénomène d’identification s’appliquera pratiquement à tous les êtres qui auront un contact prolongé de travail avec Satprem. Bien que les bénéfices d’une telle situation ne fassent aucun doute sur le plan de l’efficacité pratique (!), […]. »
Est-ce que « tous les » autres « êtres » indiqués avaient aussi les défauts de base de L.V. ?
Par ailleurs, dire « s’appliquera » présente les êtres comme subissant, comme étant des victimes.


DURANT LES PREMIÈRES ANNÉES (ET APRÈS), UNE AUTRE ERREUR DE L.V., CELLE DE SERVIR UN « IDÉAL », CELUI DIT « DE MÈRE ET DE SRI AUROBINDO »

L.V. avait renoncé à utiliser sa raison et à suivre son psychique. Il s’était centré sur Satprem, lui obéissait, et agissait aussi d’après des idées, celles qu’il se faisait de ses lectures, c’est-à-dire avec des compréhensions et des incompréhensions.


Page 1, à propos de la situation depuis 76 au moins, L.V. écrivit ceci. « Toutes ces années depuis la première rencontre – que je croyais avoir vécues dans un dévouement absolu à l’idéal de Mère et de Sri Aurobindo, dans un don personnel de tous les instants : par mon industrie, par mon absorption dans les tâches définies et valorisées par Satprem comme étant justes et bonnes – […]. »
Le « don personnel » fut fait à Satprem semble-t-il.

Mais L.V., malgré son centrage satprémiste, savait quand même qu’il y avait Sri Aurobindo et la Mère.
Or, il n’indiqua pas qu’il s’occupa de comprendre ce qu’ils écrivirent et dire, et de mettre en pratique, ce qui aurait été bien.
Il dit qu’il se dévoua à un « idéal » : ce n’était pas la bonne position de conscience.
Il aurait fallu s’occuper de se mettre davantage à l’écoute de son guide intérieur et de suivre les indications. Il aurait fallu s’occuper d’aspirer à l’action de la force de la Mère en soi, s’occuper de se déblayer progressivement pour se rendre réceptif progressivement, se mettre en silence, etc., avec les conséquences. Et ce faisant, L.V. aurait pu se retrouver comme soutien de Satprem mais pas inconditionnel. Lorsqu’une contradiction serait apparue avec quelque chose que Satprem disait de faire, il aurait fallu l’exprimer et, en cas d’impossibilité d’arriver à une situation sans contradiction avec son psychique, il aurait fallu partir.
Et puis, de quel « idéal » parla L.V. ? Est-ce qu’il évoqua le moment où une action se fait sur les cellules du corps, etc. ? Est-ce qu’il évoqua de la « transformation corporelle », pour reprendre ses mots ? Est-ce que c’était cet idéal qui l’animait ? Est-ce que L.V. pensait que c’est lui qui pourrait créer quelque chose à ce sujet, et rapidement ? Est-ce que, au lieu de commencer ou continuer humblement à faire un effort de développement à partir de l’état où il était, il fantasmait à propos de ce qui était un stade lointain peut-être inatteignable en cette vie ? Le texte montre que c’était le cas.
L.V., dans sa conception spéciale, assemblait tout ce qu’il voulait.


BILAN ET FUTUR

Lorsque L.V. apporta son soutien à Satprem, il se retrouva dans une situation où s’exprimèrent ses éléments positifs et aussi des défauts parmi lesquels il y avait un très grand orgueil et une incompréhension de ce qu’était le développement par la pratique du yoga intégral de Sri Aurobindo et de la Mère. (Ces défauts existaient certainement avant sa rencontre avec Satprem.)

Le fait que L.V. ait commencé son action avec tous ses défauts n’était pas un problème en soi car il n’était pas anormal d’en avoir, surtout que L.V. était encore plutôt jeune.
Ensuite, celui-ci, au fur et à mesure de son développement, aurait pu les réduire, peut-être jusqu’à se débarrasser de quelques-uns, Or, au moins pour certains, importants, il les aggrava.
Et, pendant ce temps, Satprem ne vit pas la situation affreuse dans laquelle sétait mis L.V. Il ne lui exprima pas quil devait arrêter de se centrer sur lui pour se centrer correctement et ne fit rien pour cela. Il était content davoir un subalterne obéissant.



FONDATION DE L’INSTITUT-ÉDITEUR DE L’AGENDA

P. 2. « Au début de 1976, […] Satprem […] je me suis précipité, sans réfléchir, pour lui offrir mon soutien […]. »

P. 4. « Dix-huit mois plus tard, en juillet 1977, Satprem et moi gravissions les marches du Palais de Justice dans l’Île de la Cité à Paris pour y enregistrer les statuts officiels de l’"Institut de Recherches Évolutives", qui devait assurer la publication et la diffusion de l’Agenda de Mère dans le monde entier. »
Est-ce que ce fut au « Palais de Justice » ou à la Préfecture de police qui est sur le trottoir d’en face et qui reçoit ordinairement les dépôts de statuts des associations selon la loi française de 1901* ?
Cet Institut de recherches évolutives ne fut pas créé pour servir seulement à « assurer la publication et la diffusion de l’Agenda ». (Dans quelques lignes il en est parlé et le texte complet des statuts de l’I.R.É. est présenté sur le blog Antiténèbres, de Canalblog, dans l’article relatif à cette association et à d’autres.)
Ce fut probablement Satprem qui imagina le nom « Institut de Recherches Évolutives ». (Dès qu’il fut connu par la publication en 78 du tome 1 de l’Agenda, il fut pensé que ce nom n’était pas bon car il exprimait l’idée que rien n’avait été fait, trouvé, notamment par la Mère, dont l’Agenda était pourtant en train d’être publié en plusieurs volumes par cet Institut créé notamment pour ça, et il exprimait que c’étaient les membres de cet Institut qui se mettaient à la recherche de quelque chose, peut être sans jamais rien trouver.)

Suite immédiate.
P. 4. « La veille, nous avions appris de la bouche d’un grand avocat parisien que les droits du copyright de l’Agenda étaient la propriété légitime de Satprem, ouvrant ainsi la voie à sa publication en dehors des bons offices de l’Ashram. Depuis plusieurs mois, en effet, diverses tentatives de publication dans le cadre de l’Ashram avaient été amorcées, mais toutes avaient échoué, Satprem estimant à chaque fois que l’indépendance et l’intégrité de la publication risquaient de souffrir de ces arrangements. / Désormais, la fabrication de l’Agenda allait s’organiser au sein d’une toute petite équipe de quatre personnes autour de Satprem : Micheline, Anne, Robert et moi-même. Une poignée d’autres amis en France et en Inde apporteraient leur concours plus épisodique mais enthousiaste. »

Autre passage.
P. 6. « S’agissant des droits de l’Agenda, qui appartiennent légalement par moitié à Mère (en tant qu’interviewée), ou à ses ayants-droits, et à Satprem (en tant qu’interviewer), il est juste de noter que ni les Trustees de l’Ashram ni les membres de la famille de Mère n’ont intenté la moindre action légale pour (au moins) partager les royalties avec Satprem. »
Dans les statuts de l’I.R.É. il y a notamment ceci. « L’Institut ne cherche donc pas à "grouper" des personnes autour d’une idée, mais à développer l’expérience évolutive de Sri Aurobindo et de la continuatrice de son expérience appelée Mère et à en trouver les applications pratiques dans la vie. » (Fin provisoire de citation.) Ce n’est pas ladite « expérience » qui est « appelée Mère » mais « la continuatrice ». Satprem évoqua surtout lui-même en l’état où il était déjà arrivé mais il évoqua aussi d’autres personnes. La fin « en trouver les applications pratiques dans la vie » relève en réalité de la pratique du yoga intégral, quel que soit le développement atteint par chacun. Normalement, un développement du genre évoqué est fait en suivant les indications de son psychique, qui pousse à s’ouvrir toujours plus à l’action de la Mère en soi, à recevoir par étapes, etc.
D’autres passages des statuts sont ceux-ci. « Il [« L’Institut »] se propose ainsi, notamment, de : […] 6 – Utiliser la totalité des fonds provenant des publications de l’Institut ou des dons reçus par l’Institut, d’une part pour la diffusion de l’expérience de Mère et de Sri Aurobindo dans tous les pays du monde, et d’autre part pour la subvention des divers laboratoires d’évolution expérimentale. » Il est objectivement parlé de « la diffusion » des livres et cassettes. On sait enfin ce que seraient globalement les divers « laboratoires » indiqués avant : ils serviraient à faire de l’« évolution expérimentale ». Que vaudraient les individus qui auraient besoin de se mettre dans une association 1901* pour faire de ladite « évolution expérimentale », et dans un organisme nommé pompeusement Laboratoire !? Par ailleurs, comme ça apparaissait avant, il y a l’idée d’humains qui agissent activement pour (tenter de) se transformer, pour (tenter) de faire la « transition de l’espèce à un autre état ». Il n’y a pas l’idée de pratiquer le yoga intégral qui est la seule sensée. Satprem continuait de créer sa propre doctrine, sa propre école, qui étaient vouées à l’échec.(Le texte complet et commenté de ces statuts est présenté dans un article du blog Antiténèbres, de Canalblog, celui relatif à l’histoire de deux associations avec le nom Auroville International France et à celle de l’Institut de recherches évolutives.)
En 77 et pour ce qui se rattache au moins en mots à de la manifestation supramentale, Satprem se trompait, faisait dérailler, et il s’illusionnait. Déjà à ce moment, il poussa L.V. à dérailler, et celui-ci se laissa pousser, se laissa entrainer. Ce qui était bon concernait la publication des livres et enregistrements, avec aussi la création d’un organisme (l’éditeur) où pouvaient travailler, vivre, des individus... qui pouvaient être des pratiquants du yoga intégral, chacun à sa mesure.


CE QU’IL SE PASSAIT DANS LE « PETIT GROUPE »

P. 4. « […] un concours plus épisodique mais enthousiaste. / Il régnait, au sein de notre petit groupe, la joie de ceux qui ont découvert un galion chargé d’or au fond de l’eau et qui en ramènent les lingots un à un à la surface… La matière de ce merveilleux Agenda transmuait nos énergies, emplissait les jours de la vie d’un pétillement sans fin. Bien que chacun ait des tâches matérielles précises et que le travail ne manquât point, tous étaient rassemblés, unis en une sorte de communion d’évidence autour de l’éclosion de cet Agenda. Il n’y avait pas de limite aux projets d’avenir envisagés : pour une diffusion dans d’autres langues, pour la création d’autres "Instituts" de par le monde, d’autres "laboratoires de l’évolution" qui regrouperaient tous ceux prêts à empoigner les leviers de leur propre évolution à la lumière des enseignements de l’Agenda. / C’était le temps du rêve qui pouvait devenir réalité au détour du chemin. »
P. 5. « […] ce tableau idyllique […]. »
Le but serait d’« empoigner les leviers de » sa « propre évolution à la lumière des enseignements de l’Agenda ». Est-ce que ce fut ce qu’imagina Satprem ou est-ce que ce fut seulement L.V. qui pensa cela comme l’avaient pensé d’autres membres du « petit groupe » ? Satprem imagina cela !

L’idée d’« empoigner les leviers de » sa « propre évolution » est, apparemment, celle du yoga de Sri Aurobindo et la Mère, celle de l’évolution accélérée.
Il n’y a pas que dans l’Agenda qu’il y a des explications et des renseignements sur ce qu’il faut faire pour ça car de nombreux autres textes de Sri Aurobindo et la Mère avaient déjà été publiés depuis longtemps. Pourquoi ne parler que de « l’Agenda » ? Il semble, et c’est confirmé par d’autres passages du texte de L.V., qu’il soit fait allusion seulement à ce que la Mère de Pondichéry vivait de manière caractéristique dans ses dernières années, à propos de cellules du corps, de transformation, de transfert, etc.
Autrement dit, des individus s’imaginaient que, étant dans l’état où ils étaient et qui, au moins pour L.V., n’était pas développé et était même mauvais, ils pourraient, par leur propre décision soudaine, se rassembler en un ou plusieurs groupes pour s’occuper de créer cela en eux !? L’idée était débile. Elle montrait une incompréhension du processus du yoga. Cette incompréhension est confirmée par le mot « enseignements ». Ces individus liraient ce qui est écrit seulement dans l’Agenda, puis tenteraient de créer en eux le phénomène à propos de cellules, etc. C’est aussi confirmé par le mot « prêts » : prêts à agir (de manière mauvaise) car n’ayant pas encore commencé à se faire évoluer à partir de l’état où ils étaient, selon ce qu’en écrivit L.V.
Puisque l’« Institut de Recherches Évolutives » était considéré, selon le texte, comme le premier des « laboratoires de l’évolution », et si ce que L.V. en écrivit est vrai, on peut déduire l’incompréhension et l’exaltation démente qui pouvaient s’y trouver. Ce fut à propos de ça qu’il fut écrit : « C’était le temps du rêve qui pouvait devenir réalité au détour du chemin ».
Le yoga intégral n’est pas quelque chose qui ne pourrait se pratiquer que dans un laboratoire. Si, à un moment, quelques individus, même encore peu développés par la pratique du yoga intégral, ont la nécessité de se regrouper, ils le font et c’est tout. Si des humains ayant déjà atteint le niveau de grand développement proche de ladite « expérience de Mère et de Sri Aurobindo » ont la nécessité de se regrouper, ils le font et c’est tout. Pour tous comme pour ceux qui sont seuls ou à deux, sans forcément être isolés d’autres personnes, il se passe en chacun d’eux ce qui peut l’être au niveau de développement où chacun est.
Il y eut des individus qui se centrèrent sur L’Agenda. En plus, ça correspondit à se centrer sur l’opinion que chacun en avait, à se centrer sur sa conception, sur soi-même. Des individus tournèrent en rond dans leur pensée.


SUITE DE L’ACTIVITÉ D’ÉDITION

P. 4 et 5. « […] devenir réalité au détour du chemin. / Pour le centenaire de Mère, en février 1978, paraissait, dans sa belle robe rouge, le premier volume de l’Agenda en français – à peu près au même moment où Satprem recevait sa lettre d’expulsion de l’Ashram et s’installait dans une nouvelle demeure dans les Nilgiri, qui serait pour les années à venir le centre névralgique de l’activité de diffusion de l’Agenda. »
L’introduction écrite par Satprem du tome 1 de l’Agenda et la lettre de Nandanam diffusée à cette occasion sont dans la lignée des statuts de l’I.R.É. (Un article du présent blog Ohoettilto-4 leur est relatif.)

Satprem n’y annonça pas qu’il fallait notamment chercher à comprendre les bases de ce qu’avaient exprimé Sri Aurobindo et la Mère ni que chacun (intéressé) devait se mettre à pratiquer le yoga, et tel qu’indiqué par eux, à partir de l’état dans lequel il était. Il n’annonça pas que chacun devait s’occuper de suivre son guide intérieur ni qu’il fallait d’abord s’occuper de s’ouvrir à la force de la Mère, et de recevoir, produisant des effets.
Il présenta son idéologie personnelle, celle qu’une autre manière d’agir devait être employée, que chacun devait commencer, à partir de l’état dans lequel il était, en s’occupant soi-même de cellules du corps, de transformation. L’Agenda fut présenté comme le seul ouvrage pouvant ou devant être utilisé (en plus des livres de Satprem).
(Le livre titré Évolution II, publié en 92, est aussi de cette lignée où Satprem présentait l’affaire comme étant quelque chose d’indépendant et poussait des individus à s’y mettre aussitôt, quel que soit leur état.)

Suite immédiate.
« / En quelques années de travail concentré, les treize volumes de l’Agenda en français allaient voir le jour, et leur publication dans plusieurs autres langues – hindi, anglais, allemand, italien, espagnol – étaient mise en chantier.
Ces premières années étaient pour moi l’occasion de m’établir dans ma nouvelle vie. J’avais l’impression d’avoir attendu toute mon existence pour une occasion de me donner ainsi, sans compter, à un labeur qui ait vraiment un plein sens – et je ne ménageais pas ma peine ! »

L.V. exprima que, objectivement, il avait enfin trouvé son action à accomplir. Mais, dire « une occasion de me donner ainsi » fait penser qu’il ne percevait pas que c’était son action à accomplir à partir de son propre centre mais qu’il ne concevait cela que comme une conséquence de son centrage sur Satprem. S’il avait eu la bonne conception, il aurait su que, pour continuer à accomplir son action, il aurait dû continuer à suivre son guide intérieur, pratiquer le yoga intégral. Dans sa conception décentrée, il concevait son devoir comme étant d’abord d’obéir à Satprem.

Suite immédiate.
« C’était une tâche complexe et ardue que de transformer ces centaines d’heures de conversations, enregistrées sur des magnétophones souvent vétustes, en texte imprimé dans les conditions requises de qualité et de précision. Mais notre petit groupe aurait pu déplacer des montagnes, et l’ingénuité compensait souvent la faiblesse de nos moyens pour avoir raison des obstacles que cette énorme œuvre matérielle comportait.
Au cours du temps, et afin de faire face à l’ampleur grandissante de la tâche ainsi qu’à son expansion géographique, le petit groupe allait s’enrichir de nouveaux membres : Keya, Roger, Boni, Davide, Nicole, Michel, Patrice. Par ailleurs, Satprem pouvait également compter sur certains appuis du monde politique et littéraire à New Delhi et à Paris.
Satprem, quant à lui, semblait être partout à la fois : rien n’échappait à son regard et à son assiduité. Maître d’œuvre et infiniment plus expérimenté qu’aucun d’entre nous en matière d’édition, il savait pourtant se mettre à la portée de chacun et semblait doté d’une confiance quasi-illimitée en nos capacités, même si elle venait parfois à nous manquer à nous-mêmes. Ses encouragements et sa confiance étaient le moteur essentiel à notre action journalière. Inversement, tous s’en remettaient à son jugement et à sa vision des choses pour les décisions qui engageaient la destinée ou l’avenir matériel de l’Agenda. / […] ce tableau idyllique […].
 »

L.V. présenta Satprem comme « moteur essentiel » à propos de l’action matérielle d’édition, et il n’y a pas de problème.


PARTIE DE L’AMBIANCE DANS LE GROUPE : CONTRE DES ASSAILLANTS (RÉELS OU IMAGINAIRES ?)

P. 5. « […] ou l’avenir matériel de l’Agenda. / La seule ombre à ce tableau idyllique concernait ses rapports avec ce qu’il faut bien appeler "l’Ennemi".
Malgré le groupe d’amis sûrs et dévoués qui l’entouraient – dont certains auraient sans doute donné jusqu’à leur vie pour le soutenir et le protéger – malgré le déménagement dans ce lieu magnifique et protégé des Nilgiri qui dominait la plaine indienne de quelques deux mille mètres, il se sentait poursuivi, harcelé par toute une meute d’ennemis invisibles. Il suffisait d’un mot relevé dans une lettre ou un télégramme, d’une image fugitive entrevue dans un rêve pour remettre en branle tout un engrenage d’imaginations catastrophiques et défaitistes : les "forces adverses" étaient là, dans l’ombre, prêtes à bondir à la moindre faille et à anéantir l’Œuvre…
La "crise" durait quelques heures ou quelques jours, pendant lesquels chacun retenait son souffle, puis tout rentrait dans l’ordre ; le nuage se dissolvait aussi subitement qu’il était apparu et le soleil réapparaissait.
À l’occasion de ces "incidents de parcours", le nouveau venu, le nouveau membre du groupe ne tardait pas à apprendre, puis à intégrer, "la réalité occulte" de l’œuvre à laquelle il ou elle participait. La publication de cet Agenda, dans ces conditions, serait une immense victoire sur les forces de l’Ignorance, symbolisées au premier chef par les notables et dirigeants actuels de l’Ashram. Satprem avait pour mission de sauver ce Trésor retrouvé des mains de ceux qui voulaient l’ensevelir à nouveau. En tant que principal rempart contre ces forces, il était donc normal et logique qu’il fût régulièrement attaqué dans son monde intérieur, même si rien ne venait jamais concrétiser ces périls dans sa vie extérieure.
Nous vivions donc sous la menace constante d’un "procès imminent" que devaient intenter les Trustees de l’Ashram pour tenter de récupérer leurs droits sur les textes de l’Agenda
. »

Dans le cas où cette réclamation exista, comprendre : « pour tenter de récupérer leurs droits » prétendus « sur les textes de l’Agenda ».

Suite immédiate.
« Ou bien peut-être allaient-ils soudoyer quelques hommes de mains pour s’emparer des manuscrits de force ? Ou bien encore, puisque nous étions en Inde, il n’était pas farfelu d’imaginer quelques manipulations tantriques… Par la force des choses, nous étions devenus des experts occultistes en herbe. Chaque bosquet dissimulait un Asura ou son comparse et la conviction de nos anathèmes et de nos imprécations à l’emporte-pièce n’avait d’égale que leur puérilité. »
Cette dernière phrase montre qu’il n’y avait pas de compréhension de la situation à propos de ce qui est indiqué : l’existence d’êtres hostiles et leurs attaques, les moyens de lutter contre eux, ce qu’est quelqu’un pratiquant de l’occultisme. L.V. le comprit plus tard et l’indiqua : « puérilité ».

P. 6. « Et pourtant les faits ont démenti tous ses mauvais pressentiments, toutes les "menaces" qu’il sentait dans l’air après le départ de Mère. En quelques quinze années de très grande proximité, je n’ai pas constaté un seul cas de violence physique de la part des membres de l’Ashram, pas l’ébauche d’un procès – et même le tantrisme ne semble pas être venu à bout d’une bonne santé innée […]. »
L’absence de « faits » indiqués ne prouve pas qu’il y n’eut pas des volontés d’agir ainsi, ni même des tentatives. Par ailleurs, ce qu’écrivit L.V. à propos de tantrisme signifie, littéralement, qu’il y aurait eu des attaques de ce genre et qu’elles échouèrent, mais il y eut peut-être seulement une mauvaise formulation faite par L.V.


PARTIE DE L’AMBIANCE DANS LE GROUPE : VOLONTÉ D’ISOLEMENT ET JEU DE FRATERNITÉ DEDANS

P. 15. « […] créer autour de lui ce petit groupe de "frères" […]. Et puis il y avait ce merveilleux instrument de l’Agenda et une Haute Mission à accomplir […] "La vérité est toujours schismatique", me disait-il un jour […]. / Ainsi donc comme un seul homme, le petit groupe de "frères" emboîtait le pas du "schisme Satprémien" et courait la campagne d’une délectable paranoïa envers tout ce qui était en dehors du cercle magique. Il n’y avait vraiment qu’un plancher sûr après celui des vaches, et c’était celui de la fraternité énoncée par Satprem ; le reste du monde était suspect et miné. […]. Peut-être y avait-il là aussi un moyen de "resserrer" le groupe autour de sa personne afin de maintenir une force de cohésion et d’empêcher une dilution dans l’environnement mièvre des habitudes spirituelles : on se sent d’autant plus fort et uni que tout à l’extérieur semble hostile et porteur de menaces. »

« frère » : ce fut forcément Satprem qui commença d’employer avec des proches le vocabulaire où il y a notamment ce mot. Pour les femmes ou au moins à propos d’elles, il disait sœur : Carnets d’une Apocalypse, tome 3, 30 mai 82. Ce sentimentalisme qui, en plus, fait penser à des moines chrétiens, aurait pu faire fuir des individus n’aimant pas cette atmosphère, mais celle-ci plut aux participants.
« ce qui était en dehors du cercle magique » était le reste du monde.
On peut comprendre que Satprem n’ait pas voulu être constamment assailli par des individus se disant favorables à lui mais qui étaient partisans de leur folie centrée sur lui-même. Rien qu’à cause d’eux, la volonté de s’isoler se comprend.
Et il y avait tout ce qui, de son point de vue, à tort ou à raison, lui était hostile consciemment ou non.
Et il y avait l’activité de publication de l’Agenda, à propos de laquelle aussi, on peut comprendre qu’il ait fallu du temps sans que des perturbations viennent de l’extérieur, et qu’il ait fallu de la concentration, ce qui pouvait concerner Satprem et les individus travaillant dans les Instituts-éditeurs.
Tout ça peut justifier une volonté d’isolement.
Et ça peut aussi justifier une « différence » car on peut comprendre qu’il y ait une différence entre les individus qui publient et diffusent les livres en jeu, et les autres.

Est-ce que Satprem voulut que les individus travaillant dans les Instituts-éditeurs n’aient pas de relations avec d’autres individus ? Si oui, est-ce qu’il tenta de les empêcher d’en avoir ? S’il le fit, fallait-il lui obéir ?

Quelle était « la fraternité énoncée par Satprem » ? Est-ce qu’elle concernait, aussi ou seulement, la relation d’individus qui se mettent à agir ensemble à propos de l’Agenda, de son contenu, de ce qui était en jeu, ce que les dirigeants ashramites n’avaient plus voulu entendre, ce qu’ils avaient voulu faire cesser, et ce que Satprem avait entrepris de sauver ? Est-ce que L.V. transforma en mots une telle « fraternité » en soutien à Satprem, aux conditions (réelles ou supposées) posées par celui-ci ?

On ne sait pas de quand date tout ce que rapporta L.V. ni dans quelle situation fut prononcée la phrase « La vérité est toujours schismatique », si elle fut prononcée, ce qui n’est pas mis en doute ici.
Un problème est de savoir ce qui est appelé « vérité » dans une telle phrase.
De nombreux schismes, religieux ou non, furent créés à propos de doctrines, dont la quantité de vérité contenue dépend de l’appréciation de chacun, et dont on peut penser qu’elles n’en ont que très peu ou pas du tout. Si Satprem employa cette signification, est-ce qu’il voulut dire que, lorsqu’une nouvelle doctrine apparait, elle crée une nouvelle division, séparation, par rapport à une ou plusieurs autres, ou même par rapport à toutes les autres ?
Le mot « vérité » peut aussi être employé d’une manière qui est relative à la situation dans laquelle apparait une nouvelle conception, et avec l’idée qu’il y a une manifestation progressive de quelque chose qui est vrai mais qui, parce que ça apparait par morceaux, devient partiellement faux, sans que l’intérêt pour l’évolution soit complètement anéanti. Si Satprem employa cette signification, est-ce qu’il voulut dire que, lorsqu’une nouvelle doctrine apparait, elle crée une nouvelle division, séparation, par rapport à une ou plusieurs autres, ou même par rapport à toutes les autres ?
Et si Satprem avait parlé par généralité (« La », « toujours ») mais avait pensé seulement à la manifestation supramentale, voulut-il dire qu’il était normal qu’une nouvelle division, une nouvelle séparation, soit créée par rapport à des conceptions déjà présentes, et aussi dans les groupes d’individus, jusqu’à créer de l’isolement de ceux-ci, isolement relatif ? Penser à Sri Aurobindo et la Mère dans l’Ashram, à celui-ci dans la ville, à Satprem d’après 73, aux individus des Instituts-éditeurs.

L.V. écrivit que Satprem poussait à l’isolement et que c’était peut-être une « force de cohésion ». Il opposa cela à « l’environnement mièvre des habitudes spirituelles ». Ce dernier élément est au moins ce que pensait L.V. (La signification est du genre : « habitudes » religieuses.) Voilà tout ce qu’imagina L.V. qui pourrait exister ailleurs ! Pourtant, il y a toutes les situations dans lesquelles se retrouvent tous les individus qui admettent la possibilité d’évolution accélérée qu’est le yoga de Sri Aurobindo et la Mère et en comprenant et pratiquant, avec des effets, sans qu’ils soient dans l’entourage de Satprem ! Ça fait penser que L.V., sans son action avec Satprem, ne vivait rien d’intéressant en lui-même. (Ça se rapporte à « Ma vie s’écoulait comme un long fleuve tranquille, et peut-être trop terne ».)


VERS FIN 79, L.V. ALLA AUX É.U.A. POUR CHERCHER UN ÉDITEUR

P. 13. « Vers la fin de l’année 1979, alors que nous nous promenions parmi les belles lignes vertes et rectilignes des champs de blé, Satprem se tourna vers moi et commença à parler de la nécessité de publier l’Agenda en langue anglaise et surtout de le répandre aux États-Unis. […] il fut très rapidement décidé que je m’embarquerais aussitôt que possible pour New York dans le but de trouver un éditeur américain pour les treize volumes de l’Agenda, dont le premier volume était déjà traduit en anglais. Je quittai les Nilgiri par un jour d’orage, les routes noyées sous les eaux, laissant sans le savoir derrière moi une partie de moi-même – mi-rêve mi-inconscience – que je ne retrouverais plus jamais. »


À PARTIR DE JANVIER 80, DÉCISION D’ÊTRE SOI-MÊME ÉDITEUR AUX É.U.A. ET SUITES

P. 13 et 14. « Arrivé à New York en janvier 1980, j’y retrouvais mon ami américain Roger, qui avait longuement travaillé aux traductions anglaises des livres de Satprem, et ensemble nous commençâmes d’arpenter les avenues de New York à la recherche du futur éditeur de L’Agenda. Hélas, tous les éditeurs visités paniquaient à l’idée de publier plus de 6000 pages d’un auteur quasiment inconnu sur un sujet – la transformation physique – si incommensurable. Et puis cette année-là, l’Inde avait passé de mode – tant pis pour nous ! »
Dans « l’Agenda », L.V. voyait un seul « sujet », « la transformation physique ». Il semble avoir passé à côté des éléments pouvant être intéressants immédiatement d’un point de vue intellectuel, ou pouvant servir aux individus s’étant engagés dans l’effort d’évolution sans qu’ils soient très avancés, etc.

Suite immédiate.
« L’évidence s’imposait : personne en Amérique n’était prêt à courir une telle aventure ni à prendre de tels risques financiers. Pour que l’Agenda voie le jour sur le sol américain, il fallait donc que nous le publiions nous-mêmes, par nos propres moyens et avec nos propres ressources. / Dans cette grande ville à l’énergie si fantastique, l’homme se sent comme un minuscule point au sein d’une activité créatrice qui ne s’arrête ni la nuit ni le jour. Ce n’est pas le rythme de l’évidence intérieure de l’Inde ni l’intimité complice et naturelle de la dimension européenne. Je me sentais complètement dépassé et fort impressionné par l’ampleur de la tâche qui m’échoyait sans crier gare. »
Se sentir ainsi peut arriver sans que ça soit un problème en soi, c’est-à-dire sans que ça soit anormal.


Suite immédiate.
« Mais une grâce devait veiller car, miraculeusement, l’horizon s’ouvrit dans un sourire. Et ce sourire, c’était Susie. / Résidente de New York, amie de longue date d’amis français de Satprem, elle semblait avoir toujours été là, de l’autre côté de l’océan, peut-être en attente de quelque chose… Elle comprit très vite l’enjeu et l’espèce de défi qu’il y avait à diffuser cet Agenda dans ce "Nouveau Monde", si ouvert aux expériences nouvelles, mais aussi si férocement matérialiste. »
Il est aussi très encroûté dans de la religion chrétienne, majoritairement protestante, qui y est en situation de forte tyrannie : serment du Président sur une Bible lors de son entrée en fonction, phrase en anglais : en D. nous croyons écrite sur des billets de banque, etc.


Suite immédiate.
« Et c’est grâce à sa détermination et à l’aide matérielle de sa famille que le vrai travail put commencer, que les premiers volumes de l’Agenda purent voir le jour en Amérique. Nous nous mariâmes au New York City Hall et décidâmes d’aller nous installer à Long Island, à bonne distance de la pile atomique que représente Manhattan ! / C’est ainsi que, au beau milieu des champs de pommes de terre de Long Island, à quelques encablures de l’océan, l’Agenda de Mère en anglais naquit et prit son essor. Le garage de notre maison ne suffisait plus à contenir les boîtes de livres qui s’amoncelaient et débordaient jusque dans la cave. Nous étions devenus officiellement The Institute for Evolutionnary Research, une Non-Profit Corporation, dûment enregistrée dans l’Etat de New York et qui fonctionnait comme Small Press Publisher, pratique courante aux Etats-Unis qui permet à une foule d’auteurs au départ inconnus de diffuser et de vendre leurs œuvres grâce à tout un réseau de distribution parallèle. / Un unique ordinateur (l’un des tout premiers PC) nous tenait lieu de système de comptabilité, de gestionnaire des clients et des envois de livres. Nous faisions tout nous-mêmes, depuis le traitement des manuscrits, qui partaient ensuite à l’imprimeur, jusqu’à la distribution aux librairies et les expéditions aux particuliers. J’étais surtout occupé à la traduction en langue anglaise – qui n’était pas ma langue natale ! Alors que l’Agenda était la plupart du temps traduit en Inde, par d’autres volontaires sous la direction de Satprem, j’avais pris en charge la traduction de ses propres titres, car leur publication aux côtés de l’Agenda me semblait être la meilleure introduction possible aux propos de Mère. / Entre 1980 et 1992, c’est ainsi dix volumes de l’Agenda et huit titres de Satprem qui passeront très littéralement entre nos mains, depuis leur conception mot à mot, jusqu’à tous ces paquets de livres dont Susie chargeait régulièrement notre voiture pour les livrer au petit bureau de poste du village voisin, d’où ils partaient aux quatre coins de l’Amérique et même à l’étranger… On n’imagine pas ce que peut représenter quelques 50.000 volumes empilés dans des espaces de fortune, sans main-d’œuvre ou appareil de levage pour les manipuler, et les acrobaties pour garnir les boîtes, les étiqueter, les scotcher… Fallait-il que le rêve nous tienne bien à la peau pour nous prêter à telle gymnastique jour après jour pendant des années ! »

Si L.V. s’était engagé dans le projet de chercher un éditeur en agissant contre son psychique, il aurait pu, en envisageant de se retrouver en train de créer une maison d’édition et en commençant et continuant à s’en occuper, se retrouver dans un grand malaise. Il aurait pu réagir en se mettant enfin à suivre son psychique (c’est-à-dire en arrêtant tout), ou en s’enfonçant davantage dans de la trahison, dans de l’obscurité (c’est-à-dire en continuant).
Mais L.V., qui écrivit abondamment sur ses tourments, ne dit rien à propos d’un malaise à cette époque qui permettrait de penser qu’il agissait en contradiction avec son psychique. On peut admettre qu’il s’activa sous une bonne impulsion. Et puisque la situation découlait du fait qu’il s’était mis avant à fréquenter Satprem, on peut aussi penser, avoir la confirmation, que ce fut sous une bonne impulsion de base qu’il s’était placé ainsi en 76. Pareil à propos de sa décision d’aller sur cet autre continent.

Ça n’empêche pas que des mouvements d’ego aient accompagné cela, ou qu’il y ait eu un manque d’analyse dans les divers éléments qui faisaient agir, ou qu’il y ait eu une mauvaise compréhension de ce qui faisait agir, ou autre chose.
C’est quelque chose de ce genre qui fit que L.V. parla d’un « rêve » qui le motivait. Ce mot ainsi employé désigne un idéal, un élément mental. C’est ça qui motivait L.V. alors qu’il aurait été mieux centré s’il avait pris conscience qu’il agissait ou avait fini par agir parce qu’il sentait intérieurement que c’était la seule chose à faire au moment où il agissait.

Et quel était ce « rêve » ? L.V. ne l’indiqua pas en même temps. D’après « un sujet – la transformation physique », d’après l’idée paraissant liée à l’idée de « laboratoires de l’évolution », et d’après le but du groupe créé plus tard par L.V. et qui provoqua son expulsion de l’Institut-éditeur, on comprend que L.V. pensait à vivre une « transformation physique » comme celle décrite dans L’Agenda. Ce fut probablement parce que L.V. pensait à ça qu’il écrivit : « ce "Nouveau Monde", si ouvert aux expériences nouvelles ».
Ce n’était pas un bon « rêve ». L.V. n’avait pas encore compris qu’il aurait dû s’occuper de se développer à partir du niveau de développement où il était déjà, en s’ouvrant à ce qu’il faut et avec des conséquences apparaissant d’elles-mêmes.

P. 14. « Bien entendu, nous avions battu le rappel de tous les disciples de Mère et Sri Aurobindo aux États-Unis et beaucoup nous offraient une aide précieuse, pour la préparation des manuscrits, par exemple, ou en facilitant la distribution des livres dans leur région. Pourtant, nous restions […] en marge des autres, comme si une règle non écrite nous forçait à l’isolement, à la différence. »
Il y a des gens qui, s’intéressant à Sri Aurobindo et la Mère, adorent se dire disciple. Il semble que L.V. aimait cela.
Par ailleurs, la règle de l’isolement (ou quasi-isolement) était écrite. Dans le tome 2 des Carnets d’une Apocalypse, p. 168, à la date du 9 novembre 80, il y a la reproduction d’une « Lettre personnelle », qui avait été adressée à Luc Venet. « […] je ne veux pas (ou je veux très peu) des "amis" et petits cercles de spiritualisants. »


L’ACTIVITÉ DE KEYA

P. 15. « Pour un temps, notre maison de Long Island abrita aussi […] Keya, que Satprem avait envoyée depuis les Nilgiri pour aider à la préparation des manuscrits en anglais. Elle avait à elle seule, tapé et mis en page avec une dextérité et une précision époustouflantes les 6000 pages de l’Agenda pour l’impression en français. »



L.V. ACCRUT SON ADMIRATION POUR SATPREM, ET PEUT-ÊTRE SON IDENTIFICATION

P. 7. « […] Satprem […] L’Agenda fourmille des éloges de Mère à son égard. N’est-il pas pratiquement le seul à comprendre la nouveauté physique, corporelle de l’expérience de Mère ? Bien sûr, l’Agenda fourmille également des interrogations et des doutes de Satprem, mais cela nous le rend encore plus proche – un frère humain auquel nous pouvons plus facilement encore nous identifier. »

En lisant les treize tomes de l’Agenda, L.V. accrut son admiration pour Satprem, et peut-être son identification (et probablement aussi son espoir de pouvoir expérimenter lui-même quelque chose de « la nouveauté physique, corporelle »).
Dans les Entretiens et l’Agenda, il n’est jamais écrit que l’on doive s’identifier à Satprem.
(Il n’est pas écrit non plus qu’un individu qui commence à s’intéresser à quelque chose de Sri Aurobindo et la Mère, ou un débutant dans le yoga intégral, doive s’occuper immédiatement et par soi-même de se créer « la nouveauté physique, corporelle », ce qui serait de la folie.)


LES MANQUES DANS LES 13 TOMES DE L’AGENDA

P. 7. « Il existe – il faut le noter – certaines conversations de l’Agenda qui ne verront jamais le jour et resteront étroitement scellées sous plastique, ce que Satprem appellera des "Agendas personnels" : sans doute des commentaires et appréciations beaucoup plus vives de Mère à son égard qu’il estimait en dehors du cadre de l’Agenda. »

L’Agenda est celui de la Mère, pas celui de Satprem. Il est donc parlé de passages qui, dans l’Agenda de la Mère, sont « personnels » à Satprem. Pour celui-ci, parler, si c’était le cas, d’« Agendas personnels », ne fut pas bien.
Ces textes finiront-ils par être publiés ?


UNE INCOMPRÉHENSION DE L.V.

P. 15 et 16. « Fin 1981, les treize volumes de l’Agenda en français étaient publiés et disponibles en librairie. En moins de quatre années, dans une sorte de course contre la montre, Satprem avait révisé et préparé quelques 6000 pages de manuscrit. Dans le treizième volume notamment, il avait longuement expliqué les circonstances du départ de Mère tel qu’il l’avait vécu […] psychiatriques. C’est avec un soulagement évident que Satprem voyait ainsi sa mission et sa promesse intérieure accomplies. Mais en même temps se dressait le mur d’une pressante question : quoi faire maintenant ? À quoi occuper les vingt-quatre heures d’une journée lorsque la tension qui vous a fait vivre depuis si longtemps a disparu ? Les traductions de l’Agenda en d’autres langues, dont certaines étaient déjà en chantier, allaient suivre leur cours presque automatiquement et prendraient plusieurs années pour se réaliser. Mais il fallait maintenant trouver une autre activité, un autre but immédiat. / La difficulté à laquelle il était confronté était en fait celle de se retrouver seul face-à-face avec lui-même. Mère n’était plus là pour indiquer le chemin, ni physiquement par une indication tangible, ni même par-delà la tombe par l’évidence d’une action qui s’impose, comme avait pu l’être la publication de l’Agenda. Il fallait maintenant inventer un avenir tout neuf, mais qui soit tout de même en cohérence avec le chemin jalonné par Mère. »
L.V. exprima ainsi ce qui fait partie de l’aspect le plus important de son incompréhension de base.

Il n’avait pas compris que, sans parler ici de Sri Aurobindo, la Mère est d’abord un plan de conscience, d’énergie, etc., qui, en grande partie, s’incarna dans une femme (qui se retrouva vivre à Pondichéry et y fut mise au tombeau en 73), et que c’est pour ça que cette femme fut appelée la Mère par Sri Aurobindo. L’incarnation cessant, la Mère continue de faire pression pour sa manifestation, d’agir, de le tenter chaque fois que possible, à mesure de la réceptivité des humains, ou par décisions appelées grâce, ou autrement. C’est un minimum à comprendre. L.V. ne l’avait pas compris. (Quelqu’un de plus développé que l’auteur du présent texte pourrait dire que ce qui vient d’être écrit simplement et brièvement comporte des erreurs mais ça n’a pas d’importance pour ici. Pour savoir davantage et précisément, lire les livres de Sri Aurobindo et de la Mère.)
Maintenant, sans parler de la Mère, ni de Sri Aurobindo, il y a aussi le psychique en chaque humain (car on ne parle pas ici des autres entités). L’étincelle psychique qui grandit d’incarnation en incarnation, devient un être de plus en plus influent en l’incarnation, jusqu’à passer au premier plan de l’être puis jusqu’à la jonction entre lui et le jîvâtman. C’est aussi écrit simplement et brièvement d’après ce qui est compris de livres. S’y reporter.
Il y a ainsi ces deux moyens pour chercher à se mettre sous l’influence divine, à se mettre davantage sous celle-ci, et pour que cette influence devienne de plus en plus forte et se transforme en un dirigeant, etc. C’est aussi écrit simplement et brièvement. Se reporter aux livres déjà évoqués.
L.V. dit que Satprem se retrouva « seul face-à-face avec lui-même » comme s’il pouvait utiliser seulement des éléments qui étaient déjà dans sa personnalité connue, comme s’il n’avait pas la possibilité d’aspirer et se mettre à l’écoute d’autre chose, sous l’influence d’autre chose, recevoir quelque chose de nouveau. (Satprem, par son développement, était au-delà des moments où l’on a à se mettre à l’écoute de son psychique puisqu’il avait déjà eu l’identification complète et il était même très au-delà de cela.)

À propos de la Mère, L.V. énonça expressément les deux seules possibilités d’action de Satprem qu’il envisageait dans sa conception : soit par l’incarnation indiquant quoi faire, soit par « l’évidence d’une action qui s’impose » car elle était prévue avant la mort de l’incarnation : la publication de l’Agenda. Cette deuxième possibilité est exprimée par les mots « par-delà la tombe », qui se rapportent à l’incarnation : la Mère à Pondichéry. En plus, L.V. dit expressément « Mère n’était plus là pour indiquer le chemin ».
Ce fut une négation du processus du yoga. L.V. semble avoir pensé que c’était l’humain, par sa nature extérieure, qui se crée son développement, qui se crée des évènements intérieurs, etc., jusqu’à finir par créer un corps supramental. L.V. nia implicitement l’action de la Mère, il nia implicitement son existence actuelle et constante.
Il ne semble pas avoir commencé à sentir des conséquences des débuts de prises de la bonne position de conscience, l’évènement de quelque chose qui descend en lui par étapes au fil du temps, pas toujours progressivement (avec alors une possible intervention de l’ego qui déforme et provoque ensuite un déséquilibre momentané). L.V. ne semble pas avoir senti la suite, l’éveil et la montée de la kundalini, etc., et tout ça avec des périodes pendant lesquelles il y a des arrêts. Il y a d’innombrables expériences qui peuvent être vécues, sans les chercher mais comme conséquences (alors qu’on est encore quelqu’un d’ordinaire) si on fait ce qui est écrit dans les livres de Sri Aurobindo et la Mère et qui concerne soi-même au niveau où l’on est lorsqu’on commence consciemment.
L.V. semble avoir exprimé qu’il n’avait même pas aspiré à s’ouvrir à la Mère, à son action, car il ne savait pas que c’était possible. Pareil à propos de son psychique. Est-ce que c’est vrai ?
L.V. ayant sa grave incompréhension, et ayant les conséquences qui vont avec à propos de la manière de mener sa vie, il pensa que Satprem était dans la même situation. Satprem ne pourrait que chercher à « inventer un avenir tout neuf, mais qui soit tout de même en cohérence avec le chemin jalonné par Mère ». Ce texte signifie que Satprem tel qu’il était devrait inventer quelque chose mais en s’occupant, par comparaison, de rester cohérent avec … ce qui est écrit dans des textes de la Mère, précisément dans L’Agenda.
Est-ce que Satprem avait la mauvaise conception indiquée ci-dessus ? Dans le tome 2 de Carnets d’une Apocalypse, p. 236, 237 et 243, fin juillet, il y a ceci. « […] j’ai terminé l’Agenda ; […]. Maintenant je n’ai plus rien dans les mains et je me sens tout à fait vide. […] je suis plongé dans un rien complet avec un grand point d’interrogation. Ai-je fini ma tâche ? […] je suis dans la nuit. J’ai maintenant besoin de beaucoup de silence pour comprendre du dedans ce que je dois faire et s’il y a quelque chose à faire. Pour le moment, il faut encore que je finisse la besogne de la télévision italienne. (…). Cet étalage de moi-même me déplaît profondément, c’est tellement contre ma nature – […] en fait, j’aimerais disparaître sans laisser de trace. […] je prie – priez que je puisse comprendre du dedans quel est le vrai besoin maintenant. […] Alors je n’ai qu’une solution, c’est de prier Mère pour qu’Elle me montre le chemin. » Satprem n’avait donc pas la mauvaise conception indiquée par L.V.


PROJETS DE SATPREM : D’ABORD VIVRE SUR UNE ILE ISOLÉE PUIS Y ENVISAGER UN GROUPE DE DOUZE ÊTRES

Dans le tome 2 de Carnets d’une Apocalypse écrit par Satprem, il y a ceci. P. 237 : « […] j’aimerais disparaître sans laisser de trace. […] je prie – priez que je puisse comprendre du dedans quel est le vrai besoin maintenant. […] Alors je n’ai qu’une solution, c’est de prier Mère pour qu’Elle me montre le chemin ». P. 241-242 : « je suis déchiqueté, tu ne peux pas savoir. Je traverse des tortures abominables, […]. […] Il y a des moments où je suis tellement blessé comme si tout mon corps était à vif – est-ce que je deviens fou ? Alors j’ai envie de disparaître, prendre mes cliques et mes claques (ou plutôt rien du tout […]) et d’aller me terrer quelque part comme une bête blessée […]. » P. 243 : « Je ne peux pas fuir la bataille, n’est-ce pas ? […] Et fuir où ? […] Alors je n’ai qu’une solution, c’est de prier Mère pour qu’Elle me montre le chemin. Sinon je ne bougerai pas […]. »

Selon la p. 243, Satprem savait que l’idée de « disparaître », de « fuir », n’était pas bonne puisqu’il priait la Mère pour qu’elle lui « montre le chemin ».
Pourtant, Satprem se mit à vouloir aller sur une ile isolée. Autrement dit, il suivit l’impulsion de « disparaître ». Et il fit comme si c’était « le chemin » indiqué par la Mère puisque, page 244, à la date du 9 aout 81, il y a l’indication « Le grand Plan. L’Île de Mère. »
Dans le livre, sur la même page, lors de la préparation de l’édition Satprem ajouta une note. Il y écrivit que, voyant plusieurs attaques hostiles qu’il subissait et qu’il énuméra, « et finalement dégoûté par la léthargie de l’Inde, je n’avais plus qu’à "disparaître" de la circulation et je faisais le "plan" d’aller m’isoler de toutes ces mauvaises volontés dans une île aussi déserte que possible […]. »
À ce projet, Satprem en joignit un autre, dont il eut l’idée le 14 décembre 81, qu’il décrivit quelques jours après dans une lettre expédiée à Mi., et qui est dans le tome 2 déjà indiqué vers la p. 275. Satprem conçut que, sur une île, peut-être dans l’Océan pacifique, se regrouperaient « douze êtres » : lui-même et Sujata, ainsi que Mi., Bon. et Laur., et quelques autres. « je voyais ces qualités – je voyais Micheline, je voyais Boni et Laura, et quelques autres –, ces qualités matérielles exceptionnelles de quelques êtres qui représentaient ce que l’humanité a produit de meilleur ». « Pour faire un nouveau monde, il faut une réunion de ces "qualités", une représentation humaine – on ne peut pas faire ça tout seul. Il faut tous les aspects, ou quelques aspects principaux qui font un monde rond. Et je voyais l’urgence. […] pourquoi ne serait-on pas quelques-uns en cette fin du cycle humain, réunis dans un effort concentré, accéléré, à appeler l’"autre chose" » ? « quelques êtres qui ont compris et qui jettent tout – tout – dans cette dernière aventure humaine ». « quelques êtres ensoleillés […] qui comprennent ».
L’idée d’évolution accélérée est inhérente au yoga intégral (et chacun accélère comme il veut et peux, parfois petitement). À cela supposé déjà en jeu dans les êtres concernés, est-ce que Satprem voulut donner un grand coup d’accélérateur, si c’est possible ? Pensa-t-il vraiment que ça pouvait exister ? Et pourquoi « douze êtres » ? De l’ensemble, on perçoit instantanément que c’est du fabriqué, de l’artificiel, du mauvais.
Littéralement, Satprem écrivit qu’on ne peut pas « faire un nouveau monde » « tout seul » et qu’il faudrait, en plus de Sujata, dix autres « êtres » pour, avec lui, « appeler » cette « autre chose », pas pour la « faire ».
Il y a l’idée d’un groupe symbolique du reste de l’humanité. Ça a du sens autour d’un avatar. Est-ce que ça en aurait autour de Satprem ou avec lui ? Peut-être, mais tout ça apparait artificiel, mauvais, et ne pouvait avoir aucune chance de mener à quelque chose de bien.
Satprem se mettait dans une aventure, secouait sa situation, pour que quelque chose de nouveau apparaisse en lui. Il épuisait cette éventualité qu’il avait envisagée afin de pouvoir ensuite se retrouver dans la bonne situation, celle où, sachant que rien d’autre n’était possible, il serait en état de permettre la continuation de son développement.

L.V. écrivit ceci.
P. 16. « Mère n’était plus là pour indiquer le chemin, […]. Il fallait maintenant inventer un avenir tout neuf, mais qui soit tout de même en cohérence avec le chemin jalonné par Mère. / Une première indication lui vint par une "vision" qu’il eut d’une "île idéale", suffisamment à l’abri du monde extérieur, sur laquelle un tout petit groupe d’êtres humains tenteraient de concentrer l’intensité de leur aspiration afin de marcher peut-être plus concrètement sur les pas de Mère – une sorte de petit noyau de l’évolution. En février 1982, Satprem et Sujata quittèrent donc ensemble l’Inde pour une grande tournée dans le Pacifique à la recherche de "l’île de Mère". Plus d’un mois plus tard, épuisés, déçus et passablement amers, ils devaient se rendre à l’évidence : il n’existait nulle part d’île qui puisse convenir à un tel projet, aucune île où faire de l’évolution accélérée – […]. »

L’idée d’évolution accélérée est inhérente au yoga intégral.


Comme ça se comprend, Satprem ne commença pas en ayant en même temps l’idée des deux éléments du projet.
La première idée qui lui était venue était celle d’aller sur une île, ce qui correspondait à l’idée de « disparaître », et n’était donc pas une « première indication » de l’« avenir tout neuf » qui devait exister.
La deuxième idée qui était apparue à Satprem, celle du « tout petit groupe d’êtres humains » qui aurait (a-i-t) le but indiqué, parut à Satprem et à L.V. être une « première indication » de l’« avenir tout neuf » qui devait exister, parut être sur « le chemin », mais sans y être (au moins directement).

Satprem eut l’idée de « faire un nouveau monde ». Pour lui qui, dans l’affaire, se concevait comme se concentrant davantage sur ce qui était déjà en train de se passer en lui, afin de permettre à cela d’agir davantage en lui, ça avait du sens.
Peut-être que, malgré la signification littérale indiquée plus haut, Satprem eut l’idée que tout le groupe de douze s’occuperait de « faire un nouveau monde » avec cette signification. Il l’exprima peut-être dans les pages suivantes ou ailleurs.
Selon ce que L.V. rapporta, le but serait de « marcher peut-être plus concrètement sur les pas de Mère ». Les douze seraient impliqués dans cela qui, pour L.V., signifiait forcément ce qu’il appela « transformation corporelle ». Ça ne tenait pas debout même en disant « peut-être ». Est-ce que L.V. pensa que ça pourrait être possible ?

Pour lui, le seul fait de dire « marcher […] sur les pas de Mère » exprima l’incompréhension du phénomène d’ouverture individuelle à la force de la Mère pour la laisser agir en soi, avec des conséquences dans la vie (jusqu’au moment, peut-être dans une des prochaines vies, où arrive le moment concernant le corps).
Lorsque, à propos du « tout petit groupe d’êtres humains » envisagé, L.V. écrivit que ceux-ci « tenteraient de concentrer l’intensité de leur aspiration afin de marcher peut-être plus concrètement sur les pas de Mère », il fut comme un amplificateur déformateur d’un mauvais aspect momentané de Satprem.
L.V. ayant son aspiration à la « transformation physique », à « l’expérience corporelle », tel qu’il concevait cela, et alors qu’il ne commençait même pas à chercher à se faire évoluer à partir de l’état où il était, est-ce que Satprem le poussa dans cette folie ou est-ce qu’il tenta de lui remettre les idées en place, tenta de le mettre sur les rails ? Il le poussa dans cette folie !

Quelques lignes plus loin sur cette p. 16 du texte de L.V., celui-ci écrivit que le projet ci-dessus avait été l’une des « deux directions, si étrangères au chemin de Mère », l’autre étant indiquée ci-après.


RECHERCHE PAR SATPREM D’UN MANTRA QU’IL AVAIT CONNU ET OUBLIÉ

P. 16. « La tentative suivante peut, à la réflexion, paraître quelque peu étrange également. Il s’agissait de retrouver un mantra qu’il avait connu, bien des années auparavant, lorsqu’il parcourait les routes de l’Inde en habit de Sannyasin, et qui lui avait semblé, à l’époque, posséder des propriétés capables de pénétrer dans le corps et d’entamer la carapace de nos habitudes corporelles. Il espérait ainsi pouvoir rejoindre l’expérience corporelle de Mère. Il se mit alors en quête du mantra qu’il finit par retrouver dans l’Himalaya. Mais là encore, il dut se rendre à l’évidence : ce mantra retrouvé le mettait en contact avec tout un monde de la tradition occulte de l’Inde qui n’avait rien à voir avec l’expérience de Mère et son procédé de descente dans le corps. Il est curieux de voir Satprem tenter d’emprunter ces deux directions, si étrangères au chemin de Mère, lui qui, plus que quiconque avait suivi, étudié, décrit tous les pas de Mère dans sa Trilogie puis dans l’Agenda. Toujours est-il qu’il était à nouveau au point zéro, à nouveau dans l’Inde, à nouveau seul face-à-face avec lui-même. »

Dans le tome 3 de Carnets d’une Apocalypse, du 7 juin 82 au 24 octobre suivant, il est parlé de cette recherche d’un mantra.
Satprem épuisa cette éventualité qu’il avait envisagée afin de pouvoir ensuite se retrouver dans la bonne situation, celle où, sachant que rien d’autre n’était possible, il serait en état de permettre la continuation de son développement.


EN SATPREM, DÉBUT D’UN NOUVEAU DÉVELOPPEMENT

Suite immédiate.

P. 16 et 17. « Et c’est à ce tournant qu’un certain processus a commencé en lui […]. / Il n’est pas facile de décrire ce processus, et même certainement impossible. Pourtant, je crois bien que c’est à moi qu’il a écrit les premières lettres qui tentaient de décrire ce qu’il vivait. J’avoue que j’étais très touché de lire ces lettres. Elles décrivaient cette nouvelle concentration plus intense qui s’emparait de son corps, cette nouvelle force beaucoup plus pesante qui descendait en lui (le "marteau-pilon"), puis cette espèce d’ascension du corps vers un "là-haut" comme un soleil bleu où tout s’arrêtait dans une Évidence pleine. Et c’était "Ça". / Jour après jour, il se plongeait dans cette expérience. Et bientôt il commença de nommer cette force la force Supramentale, selon la terminologie de Sri Aurobindo. Il était évident que, peu à peu, il entrait dans une autre conscience, une autre façon d’appréhender et de voir le monde. »
Ce fut L.V. qui raconta cela. Pour « ascension du corps », comprendre : ascension de la « conscience matérielle, corporelle », pour reprendre l’expression de Satprem. Voir les p. 256 et 257 du tome 3 de Carnets, 9 juin 83 avec la longue note de bas de page. Y voir aussi la synonymie erronée que celui-ci faisait avec montée du corps et que reprit L.V. Page 185 il est parlé d’un « espace bleu sous un soleil que l’on ne voyait pas » mais tout n’a pas été relu et on ne sait pas si quelque part il est parlé d’un « soleil bleu ».
Satprem était arrivé au moment où quelque chose de nouveau se mit à exister en lui, sans qu’il l’ait décidé, sans qu’il en soit le créateur. Il laissa cela exister et se développer. Il s’en fit l’instrument. C’est la bonne attitude dans le yoga intégral, dès le début de la pratique de celui-ci et, si on fait ce qui est indiqué par Sri Aurobindo et la Mère, il se passe quelque chose (et ça a des conséquences dans la vie). Si rien ne se passe, c’est qu’on ne fait pas ce qu’il faut. Notamment, il y a encore trop d’encombrements.


SUITE CONCERNANT CE QU’IL SE PASSA NOUVELLEMENT EN SATPREM

P. 16 et 17. « Et c’est à ce tournant qu’un certain processus a commencé en lui qui l’a rendu si radicalement autre, si étranger à ce qu’il était auparavant, que tout a explosé autour de lui – et continue d’exploser. […] on peut s’interroger sur les conséquences concrètes et visibles de l’irruption de cette force en lui. Plus ça allait, et plus il semblait saisi d’impatience, presque d’intransigeance et d’irritation à l’égard de tout ce qui n’était pas ce qu’il vivait lui-même (c’est-à-dire pratiquement le monde entier !) Cette impatience grandissante l’éloignait de nous plutôt qu’elle l’en rapprochait. Il semblait avoir beaucoup de mal à contenir cette nouvelle vie et d’accepter en même temps un minimum de confrontation avec la vie d’ici-bas, ses imperfections, ses faux-pas, ses insatisfactions innées. En très peu de temps, il était devenu un glaive parfait (et très coupant !) dans un monde imparfait ; il avait troqué ses anciennes hésitations humaines pour une foi ardente, intolérante de l’humanité que nous étions encore. Alors que, jusqu’au dernier moment, les bras de Mère étaient restés accueillants à l’humanité autour d’elle, ceux de Satprem, dans une exaspération grandissante, semblaient se refermer exclusivement sur son expérience et sur lui-même. / Le "marteau-pilon" n’allait-il pas faire exploser la marmite ? »

L.V. avait oublié que la Mère renvoyait par exemple les individus qui magouillaient contre elle, ses derniers moments ayant été spéciaux.
Il est possible qu’il y ait eu une action de la « force » et aussi des résistances rencontrées en Satprem. Il est possible qu’il y ait eu l’erreur de celui-ci de se considérer comme n’étant pas lui aussi un mélange et, donc, celle de vouloir trop se distinguer du reste de l’humanité qu’il insultait. De manière générale, il est possible que Satprem ait été avec des défauts, certains ne pouvant pas lui être reprochés mais d’autres pouvant l’être et devant l’être.
Mais, dans les conflits qui existèrent ensuite entre lui et L.V. et qui sont exposés plus loin, rien de cela n’apparait comme ayant été en jeu et il est important de le constater dans la suite du récit.


RÉACTION QU’EUT L.V.

Suite immédiate.
P. 18. « Pourtant, rien de tout cela ne remettait le moins du monde en question ma foi en Satprem et en l’espoir qu’il avait fait naître – […]. »
« foi », « en Satprem » !

« espoir » en, comme indiqué avant, des « accomplissements personnels » en relation avec le « vrai Travail terrestre de Mère et Sri Aurobindo ».


L.V. NE COMPRIT PAS ET FANTASMA

P. 17. « Il était évident que, peu à peu, il entrait dans une autre conscience, une autre façon d’appréhender et de voir le monde. / Pour ma part, ayant lu les rares propos que Sri Aurobindo avait laissé sur le fonctionnement du Supramental, je n’arrivais pas vraiment à "cadrer" ce qu’il en disait dans des lettres à certains disciples avec les descriptions de Satprem, qui, elles, prenaient toujours le parti de la Force, du "marteau pilon", alors que Sri Aurobindo en parlait plutôt comme d’un Pouvoir de Vérité qui n’a plus besoin de lutter, de se confronter à la nature ignorante des choses pour s’imposer, car la constitution même du déterminisme a changé – une réalisation sans effort car les "contraires" ont cessé d’être nécessaires. / Mais à l’époque, non seulement je ne mettais pas une seconde en doute les conclusions de Satprem quant à la condition dans laquelle il se trouvait, mais j’étais émerveillé que cette condition Supramentale puisse se faire jour ainsi, tout simplement et naturellement, dans un autre homme après Sri Aurobindo et Mère. C’était le rêve réalisé, ici, sur deux jambes en chair et en os, le clin d’œil de l’évolution que Sri Aurobindo et Mère avaient tant appelé de leurs vœux et de leurs prières. Et puis la conclusion logique de la longue préparation que Satprem avait vécu auprès de Mère, une sorte de justification a postériori de tout ce qui faisait de lui le candidat idéal et prédestiné de cette Conscience – un parfait dénouement des choses. / Nous voulions tant croire au Miracle dans et à travers Satprem ! »
Sri Aurobindo et la Mère firent autre chose que des « vœux » et des « prières ».
Face aux éléments tels qu’indiqués par L.V., on peut penser que, dans un cas, Sri Aurobindo parla du supramental d’une manière plus générale que la partie de celui-ci qui se manifesta en Satprem à ce moment, que celui-ci appela « force Supramentale » selon ce qu’en dit L.V. (employant la lettre majuscule), et qui, si c’était le cas, ne pouvait être qu’une petite partie de celle-ci. En pensant ainsi, il n’y a pas de problème de cadrage. L.V. ne cadra pas ainsi ni d’une autre manière qui aurait pu correspondre en même temps à ses compréhensions du « fonctionnement du Supramental » et de ce qui se passait en Satprem.
En disant « condition Supramentale » à propos de Satprem, L.V. semble avoir imaginé plus que ce qui se passait dans la réalité. Il semble s’être imaginé que le supramental tel qu’en parlait Sri Aurobindo se manifestait en Satprem ! Ce qui précède est écrit en pensant à des éléments de ce qu’avait dit Sri Aurobindo à propos de conscience sans aucun élément de mensonge, de substance orangée, etc., et à ce qu’avait vécu la Mère en tant qu’avatar elle aussi et que ne vivait pas Satprem, à l’état où elle ne pouvait plus absorber de nourriture et se retrouva en catalepsie alors que Satprem ne vivait pas cela, etc. Celui-ci vivait ce que pouvait vivre un être humain qui n’est pas un avatar mais qui reçoit ce qu’il y avait de plus avancé à propos de manifestation supramentale, et ça continua ensuite.
L.V. dit « en chair et en os » mais parla aussi seulement de « Conscience ». Il n’avait pas compris et continuait de ne pas comprendre. Il fantasmait sur ce qui vivait Satprem : « le rêve réalisé », le « parfait dénouement », le « Miracle ». Et pourtant, c’était loin de ce qu’avait vécu la Mère dans ses dernières années.
L.V. se sentit probablement plus proche d’arriver à la concrétisation de son propre espoir dément.

P. 19. « […] publié à Paris par Robert Laffont sous le titre "La vie sans mort". […] ce livre […]. […] cette merveilleuse expérience corporelle que Satprem vivait et qui semblait comme annuler la mort ou la rendre inutile. Dans mon esprit, une fois déclenchée, cet état ne pouvait que s’affirmer, s’amplifier, prendre la place de la vieille vie terrestre et faire table rase de toutes nos habitudes mortelles. »
Sachant que L.V. avait une grande incompréhension, il faudrait relire ou lire ce livre.
L.V. se trompa ou s’exprima mal lorsqu’il écrivit, pour Satprem, « semblait comme annuler la mort ou la rendre inutile ». D’abord, il aurait peut-être fallu qu’il y ait la notion de futur. Ensuite, ce n’est pas le corps physique actuel qui cesse de mourir. Dans « prendre la place de la vieille vie terrestre et faire table rase de toutes nos habitudes mortelles », il y a aussi quelque chose qui relève du fantasme.


SATPREM ROMPIT PRESQUE TOUTES SES RELATIONS

P. 17. « […] croire au Miracle dans et à travers Satprem ! / Très vite, Satprem a souhaité couper toutes relations avec le monde. Il ne désirait plus recevoir ou répondre aux lettres, écrire de nouveaux livres (il changea d’avis plus tard), et entendait se consacrer exclusivement à explorer ce nouvel état dans lequel il vivait. Depuis l’Amérique, j’étais chargé de canaliser le courrier et de porter à son attention ce qui pouvait sembler important ou indispensable. L’explication fictive de son départ des Nilgiri pour "une destination inconnue" était censée servir de raison à l’arrêt brutal de ses communications avec les membres les plus anciens de notre groupe, qui devait avaler cette pilule assez grossière sans protester et accepter de lui écrire à travers moi. Naturellement, personne ne fut dupe une seule seconde, mais chacun prenait sur soi et jouait le jeu du "secret" par respect pour Satprem et ce qu’il représentait. Je jouais l’imbécile heureux en me pliant comme tout le monde à la "cause supérieure". Satprem lui-même ne devait pas ignorer l’embarras dans lequel il mettait les uns et les autres, mais semblait s’en soucier comme d’une guigne, sa nouvelle expérience prenant le pas sur tout. »

L.V. attribua un rôle actif à Satprem : « explorer ce nouvel état », exprimant encore qu’il ne comprenait pas ce qui se passait. La situation était que Satprem se rendait réceptif, passif, à ce qui se passait en lui.
Est-ce que l’« embarras » qui exista était que quiconque (du petit groupe) qui écrivait à Satprem savait que ses lettres seraient lues par L.V. si c’était le cas ?


LE PSEUDO-AGENDA 14 IMAGINÉ PAR SATPREM

P. 18. « Mais à l’époque, un autre détail m’avait surpris. Il s’agissait du "Quatorzième Agenda". Satprem avait fait le projet de rassembler toute sa correspondance personnelle d’avant la publication de l’Agenda (du temps où il expliquait à certaines personnes susceptibles de l’aider la valeur et le sens de ce mystérieux Agenda encore inconnu) en un ou plusieurs volumes, qui constitueraient une continuation de l’Agenda proprement dit : Agenda 14, Agenda 15, etc. J’avoue avoir été choqué, dans mon for intérieur, qu’il puisse mettre sur le même plan les propos de Mère – surtout l’Agenda 13, qui n’est qu’une longue supplique haletante vers la Lumière – avec son propre combat (si vaillant fut-il) pour publier l’Agenda. Mais il changea plus tard d’avis, car ces lettres sont aujourd’hui publiées sous un autre titre. »

Si cette affaire exista, L.V. eut raison d’être choqué.
Il faudrait étudier ce livre de Satprem pour savoir si celui-ci présentait l’affaire de corps, de cellules, de transformation, etc., comme quelque chose dont chacun devrait s’occuper immédiatement par soi-même, comme si c’est l’être humain qui pouvait, activement, créer cela.


LE RÊVE DE L.V. AVEC DE LA VIANDE SAIGNANTE

Suite immédiate.
P. 18. « C’est aussi vers cette époque que j’ai fait un rêve bien étonnant et surtout très inattendu. / C’était la nuit et des convives étaient réunis autour d’une longue table. Au milieu, majestueux mais très naturel, était assis Sri Aurobindo. Mère était à sa droite, souriante, et Satprem à sa gauche. Plusieurs autres personnes, que je n’ai pas reconnues, occupaient d’autres sièges autour de la table. J’étais là aussi, vers le bout de la table, observant avidement ce qui se passait au centre, vers Sri Aurobindo. Au milieu de la table, juste devant Sri Aurobindo, trônait un grand plat creux rempli d’un énorme morceau de viande rouge, genre rumsteck. Cette viande, à peine cuite, baignait même dans son sang, selon le mode de cuisson pratiqué en Europe pour la viande très tendre et de qualité. Et à mon énorme surprise, je voyais Satprem pointer du doigt la viande et inviter Sri Aurobindo à la goûter. Il a dû s’y reprendre à plusieurs fois, en insistant, car Sri Aurobindo ne semblait pas décidé à accepter l’invitation. Mais l’insistance de Satprem finit par payer car Sri Aurobindo fit un geste et prit un petit morceau de cette viande saignante. / Lorsque je racontais ce rêve à Satprem, il ne parut pas s’en étonner outre mesure. Mais que tentait-il de faire accepter à Sri Aurobindo, à travers cette viande saignante ? Ses habitudes occidentales d’analyse intellectuelle des processus de vie ? Le caractère révolté et insurrectionnel de sa personnalité ? Ou bien autre chose ? »
Sur le plan qui correspond à ce rêve, et dans cette « nuit », est-ce que tous les personnages apparents pouvaient correspondre à un aspect de personnages réels ? Est-ce que les positions des personnages apparents correspondent à l’état de un en deux qui était celui de Sri Aurobindo et la Mère (« Mère et moi sommes un, mais en deux corps ») ? Est-ce que la place de Satprem est d’être presque à égalité avec la Mère, celle-ci lui étant supérieure seulement car placée du côté droit de Sri Aurobindo (comme on dit parfois : c’est mon bras droit) ? Rien que ça semble exprimer que ce rêve ne montrait pas de la réalité. En plus, ce que L.V. avait déjà dit de Satprem concernait sa relation avec le monde, pas avec Sri Aurobindo. Imagine-t-on celui-ci se soumettre à un ordre de Satprem !?
Est-ce que le rêve exprimait la conception de L.V. concernant la situation de fait de Satprem (et en plaçant celui-ci plus haut que sa place) ?
En écrivant « autre chose », est-ce que L.V. pensa à quelque chose de précis mais sans le dire ?


1983* ET 84, CE QUI ALLAIT BIEN SELON L.V.

P. 18 et 19. « Fin 1983, avec Susie nous avions décidé de nous installer plus au sud, en Virginie, en partie pour échapper à la démographie galopante de la région new-yorkaise. Une grande ferme un peu délabrée au milieu des collines verdoyantes aux environs de Charlottesville nous abriterait désormais, avec nos 50 000 livres… Ce nouveau lieu convenait beaucoup mieux à nos activités de traduction et de publication et c’est de là qu’au cours des huit années suivantes, la plupart des volumes de l’Agenda et des livres de Satprem en anglais verront le jour. Nous faisions parfois de courtes visites en Inde, qui étaient l’occasion de retrouver Satprem chez lui et de nous ressourcer. Nous étions par ailleurs en contact épistolaire fréquent, et bien souvent les télégrammes devaient suppléer au manque de communications modernes avec l’Inde. J’étais aussi très souvent au téléphone avec mon amie Micheline, qui s’occupait à Paris de coordonner les activités de l’Institut français. / Tout semblait donc s’organiser sous les plus heureux présages. Un petit groupe plus motivé et uni que jamais autour de tâches matérielles sous-tendues par une idéologie spirituelle qui avait fait ses preuves : Satprem, là-bas, bien conforme et fidèle à l’image que nous en avions, que notre superstition enfantine modelait en faisant la part belle au mystère vaguement redoutable qui entourait sa nouvelle condition de "Pionnier du Nouveau Monde". Était-ce nous qui avions créé cette image ou lui ? Obéissait-il sans le savoir à ce que nous attendions de lui ? Ces questions resteront à jamais sans réponse, […]. »

L.V. allait se « ressourcer » chez Satprem, comme si celui-ci était une source !
L.V. écrivit que le « petit groupe » avec ses « tâches matérielles » était « motivé » par une « idéologie » ! Littéralement, ça signifie qu’un idéal, une conception, un élément mental était la seule motivation ! Quelle était cette « idéologie » ? C’était ce qui était compris ou incompris, imaginé, fantasmé, concernant les écrits de Sri Aurobindo et la Mère ainsi que ce que vivait Satprem. C’est dans la lignée de ce qui avait été présenté avant.
Ce n’était pas bon car une bonne motivation est de suivre son guide intérieur (s’il disait d’agir ainsi). Or L.V. n’écrivit rien concernant la reconnaissance psychique de la voie trouvée et des premières suites de cela. Il n’y a rien concernant des évènements intérieurs à L.V. expressifs de son avancée et qui auraient pu arriver. En narrant l’histoire, L.V. aurait pu ne pas en parler mais l’absence est expressive d’un défaut de position lorsque, dans la même phrase, il y a « motivé », « idéologie », « preuves : Satprem », surtout que d’autres expressions du même défaut sont dans le texte.
Satprem était-il dans une « nouvelle » « condition », celle dite de « Pionnier du Nouveau Monde » ? Objectivement, il y avait la suite d’avant : Satprem s’étant mis au service de la Mère, et il y avait la suite, à la mesure de ce qui était possible, notamment d’après ses résistances. Il y avait le début d’un nouveau développement. Est-ce que le mot « Pionnier » convient ? Pourquoi pas si on n’oublie pas Sri Aurobindo et la Mère incarnée.
L.V. dit que lui et ses collègues avaient une « image » de Satprem. Comprendre qu’ils en avaient une conception, qu’ils s’en étaient fait une conception.
L.V. écrivit aussi que Satprem était « conforme et fidèle » à leur « image », à leur conception. L.V. s’illusionna à penser cela mais il renversait la situation. Il faut plutôt penser qu’une partie de leur conception était suffisamment bonne pour qu’elle corresponde à ce qu’était alors Satprem, à ce qui en apparaissait (et peut-être aussi à ce que celui-ci pensait).
Ce furent donc L.V. et ses collègues qui s’étaient créés une conception. Satprem ne cherchait pas à y correspondre, à y obéir, mais il se retrouvait en train de vivre quelque chose que L.V. déclara y correspondre, au moins pour la partie de leur conception qui était suffisamment bonne.
Mais ce que Satprem vivait correspondait-il aussi au reste de cette conception !?
Quel était l’objet de ladite « superstition enfantine » ? Qu’est-ce que L.V. et ses collègues attendaient de Satprem et dont ils voyaient arriver... seulement le début semble-t-il ? Ça se devine et c’était lié à ceci : « […] que cette condition Supramentale puisse se faire jour ainsi, tout simplement et naturellement, dans un autre homme après Sri Aurobindo et Mère. C’était le rêve réalisé, ici, sur deux jambes en chair et en os, […] ».


ANNONCE QU’UNE PÉRIODE DE « MALAISE » COMMENÇA EN 1985*

Page 18 du texte de 07, un titre de partie est « Le malaise ».

Aussitôt après il y a ceci. « Pour moi aussi, […] j’allais sous peu rentrer dans la vraie réalité de ma situation. »
Selon ce qui est écrit, il y aurait une fausse « réalité » qui serait de l’illusion, et une « vraie réalité » : malgré ce qu’en écrivit L.V., dans celle-ci pour lui, il y a des illusions.
Le « malaise » présenté ensuite est relatif à l’inscription «  suivre) » placée à la fin d’un livre, fait qui exista en 85.
Avant dans cette année, il y eut un autre fait dont L.V. n’indiqua rien alors que, vu ce que déclara ensuite Satprem, il fut un des conflits entre eux. Dans quelques lignes ci-après, il est commencé à en parler.
Par ailleurs, L.V., lors de la narration d’un évènement de la fin de 79 concernant la décision d’aller aux É.U.A., en présenta un qui exista en 1987* et ce passage est reproduit plus loin.
Enfin, dans le Document de l’I.R.É. d’autres conflits qui existèrent sont indiqués et ils le sont aussi plus loin.

 
AU PRINTEMPS 85, HOSTILITÉ DE L.V. ENVERS AUROVILLE ET MÊME POSITION PAR MI. ET SON ASSOCIATION A.I.F.

HOSTILITÉ DE L.V.


L’idée de créer une sorte de village nouveau pour des ashramites apparut dans la Sri Aurobindo Society (S.A.S.) et la Mère s’appropria cela, le transforma, pour que ça devienne le projet Auroville.
Ce qui commença d’exister pratiquement de la ville résulta de l’action de la Mère, de celle d’ashramites, de celle d’autres individus (notamment l’architecte Roger Anger qui provoqua le choix d’un nouveau lieu et ceux qui allèrent vivre dans cette ville), et d’institutions.

Après novembre 73, il n’y avait plus la Mère à Pondichéry pour donner des indications, mais il y avait notamment les bonnes perceptions intérieures d’habitants d’Auroville (en plus d’actions selon d’autres critères ou selon des lourdeurs ordinaires, etc.), ainsi que les actions néfastes de la S.A.S. imbriquée dans l’Ashram, etc.
Cette ville en formation était forcément un reflet de l’état de conscience général de ses habitants et d’autres personnes, et il était donc normal qu’il y ait notamment des problèmes, des erreurs, que tout ne soit pas bien (même un bien évolutif), etc.
Quelques années plus tard, des individus ne pensèrent pas cela à propos de cette ville qui était encore dans le début de son développement. Ils avaient réfléchi à l’envers. Ils étaient partis de l’idée d’une situation idéale qui devrait exister, en la comprenant selon la conception que chacun s’en faisait. Ils avaient d’abord cru que cette situation idéale existait ou pouvait exister dès le début. Puis ils avaient fini par comparer avec ce qui existait dans la réalité perceptible par tous, en étant compris selon leur point de vue, et ils conclurent à un échec d’Auroville, au moins provisoirement. (La situation d’Auroville les dépitait à cause de la grande illusion qu’ils en avaient eue avant : ils tombaient de haut, du haut de leur illusion.)

L.V. fut l’un de ces individus, ne fut peut-être pas le premier, mais il semble avoir été le premier alors à donner une large audience à cette conception d’un échec, et même à faire connaitre ainsi l’existence de celle-ci à des individus qui n’avaient jamais pensé que d’autres pouvaient penser cela. Il le fit dans une lettre adressée à un habitant d’Auroville, dans la première moitié de 85 semble-t-il, disant en gros : Auroville est foutue, Auroville a échoué. (Cette lettre n’ayant pas été lue par l’auteur du présent texte, on ne sait pas si L.V. y exprima aussi un espoir pour un succès lointain.)
L.V. aurait voulu qu’Auroville soit arrivée à être quelque chose considérée par lui comme suffisamment bien : c’était l’idée erronée d’arriver à un aboutissement ou au moins à un niveau élevé de développement alors qu’on venait de commencer. (Éventuellement, L.V. aurait pu écrire ce qui, selon lui, devrait exister à la place de ce qui l’était.)
Par sa lettre, L.V. montra qu’il ne croyait plus en Auroville. En plus, un véritable échec d’Auroville impliquerait un échec du développement évolutif indiqué par Sri Aurobindo et la Mère.

L.V., par l’exposition de son opinion en sachant qu’elle serait diffusée dans Auroville, semble avoir été motivé par son incompréhension et son orgueil naturel, et par le sentiment de fierté et celui de grande supériorité aux autres que lui donnait sa fréquentation de Satprem. Une manière d’exprimer cette folle haute opinion de lui-même fut d’abaisser et rejeter ainsi d’autres individus, sans cause valable.
Dans l’état de conscience qu’avait L.V. à cette époque, il y avait donc notamment cela. (C’est avec lui qu’il prépara le livre de 1985* indiqué plus loin avec son élément qui provoqua un conflit entre lui et Satprem.)

En conséquence de la lettre de L.V., quelques habitants d’Auroville quittèrent celle-ci. Qu’est-ce qui avait incité ces individus à aller en cette ville et à y rester jusqu’alors !?


HOSTILITÉ PAR MI. ET SON ASSOCIATION A.I.F.

En 85, Mi. et une partie des membres de son association française nommée alors Auroville International France eurent globalement la même conception que L.V. concernant Auroville, avec, à l’époque, encore un espoir : « en attendant des jours meilleurs » fut-il écrit dans le bulletin indiqué plus loin. (Plus tard, Mi. ne l’eut plus et le succès d’Auroville qu’elle pensait devoir envisager quand même ne fut plus conçu comme devant forcément l’être dans le présent cycle d’évolution, un autre suivant étant ainsi envisagé.)
Cette conception de 85 fut notamment exprimée dans le bulletin mensuel de juin de cette association, c’est-à-dire avant que Satprem s’exprimât dans son texte d’aout qui est présenté plus loin. Et, dans ce bulletin, où Mi. notamment s’exprimait, le texte d’un certain « Boni » fut aussi publié.

Alors que cette association française, avec ses membres et son bulletin, existait en se centrant hors de soi, sur Auroville (comme le nom l’indiquait), en étant à la traine de cette ville en formation (tout en voulant contribuer à diriger), et en informant abondamment sur des éléments extérieurs (communautés, système des enveloppes, réalisations pratiques, etc.), un manque d’intériorité fut désormais reproché à Auroville.
Dans ce bulletin, on disait que « l’Idéal de l’Unité Humaine, c’est très attirant, mais […] on oublie le point central qui peut aider à s’en approcher de plus en plus, et on la cherche dans toutes les formes extérieures […]. » C’était dit à propos d’Auroville, mais ça montrait d’abord la position de son auteur, l’association française. C’était donc un « Idéal », un élément mental, qui était considéré comme le but, et ne pas oublier « le point central » serait seulement le moyen. Cet élément mental est ainsi présenté comme étant ou ayant été la motivation déterminante, et comme si une meilleure position n’avait pas encore existé.
Il était écrit que, à propos d’Auroville, « Les différents points de la charte s’oublient dans les mémoires ». Ça montre aussi que, d’après l’association française, un idéal était le critère d’action, de décision, des habitants d’Auroville ou, au moins, était censé l’être, ou devoir l’être.
Il était écrit que « Les principes d’Auroville ne sont plus vécus de l’intérieur ». Cette généralité signifiait que, avant, les habitants d’Auroville vivaient ces « principes » de l’intérieur et que, désormais, ils ne le faisaient plus. C’était aussi une expression de ce qui était appelé « intériorité », celle qui était censée manquer : vivre selon des « principes » écrits dans des textes. Il n’était donc pas parlé d’une vraie intériorité, de vivre selon le guide intérieur, etc.
Par ailleurs, cette indication, transposée, pouvait signifier que, avant, les habitants d’Auroville étaient intégralement soumis au divin et que, désormais, ils ne l’étaient plus du tout. Ça se rattachait à une illusion d’une sorte de paradis terrestre qui aurait existé au début d’Auroville, et le seul fait que quelqu’un y soit en faisait quelqu’un de très bien, de très développé, et ceux qui étaient en relation avec l’association française étaient magnifiés. Désormais, en 85, il y avait un réveil à de la réalité, qui était noircie par l’association, et les habitants d’Auroville étaient en majorité considérés comme mauvais.
Page 21 du bulletin, un texte, qui fut placé là forcément à propos d’Auroville, parlait d’une « humanité obstinément asourique ».
Il était écrit : « La condition humaine se révèle à Auroville peut-être plus radicalement qu’ailleurs dans le monde ». Il y a la prudence du mot « peut-être ». Les mots « condition humaine » incluent-ils les éléments les meilleurs, les bonnes aspirations, les bons efforts, leurs succès, etc. ? Il semble qu’ils ne visent que ce qui était reproché à Auroville : les oublis, le manque d’intériorité, etc. Quoi qu’il en soit, ce qui fut écrit exprima un réveil à de la réalité, après une grande illusion.
Cela dit, il était écrit ceci : « À Auroville, une poignée d’êtres purs, même s’ils sont impuissants à l’heure actuelle à opérer un changement sont présents ». Selon la position exprimée, il existerait donc une « poignée d’êtres purs ». À propos de pureté, ça ne pouvait qu’être de l’illusion, peut-être un vestige de l’illusion antérieure.
Il y avait la reproduction avec approbation d’un extrait d’une lettre de quelqu’un d’Auroville, surement l’un des prétendus « êtres purs » vu la position de la citation, qui disait que, avant, « il y avait toujours, malgré toutes les difficultés par lesquelles on est passé [,] quelque chose dans Auroville à quoi se raccrocher », ce qui correspondait à quelque chose d’extérieur à soi, …sans lequel il n’y avait rien. Et puisqu’il n’y avait plus ce quelque chose, l’auteur concluait : « La direction n’est pas là ». En plus du problème d’une direction perçue intérieurement ou non, il y avait l’idée que, avant, la « direction » était constamment présente et que, tout d’un coup, il n’y avait plus aucune bonne indication reçue : regret d’une situation antérieure jugée satisfaisante.
À propos de la « poignée d’êtres purs », il était écrit que « En eux s’élabore une nouvelle manière d’être ». En admettant que ce fût vrai, puisqu’ils en étaient au stade de l’élaboration, pourquoi tant regretter le passé ? Et est-ce que l’indication exprimait l’idée que c’était seulement à Auroville qu’une « nouvelle manière d’être » pourrait s’élaborer ? Ça relèverait encore du centrage sur Auroville et de l’illusion antérieure concernant cette ville, en oubliant même Satprem et Sujata qui n’y vivaient pas.
Le constat, annoncé, de l’existence d’« êtres purs » à Auroville était fait par les responsables de l’association française, qui se pensaient qualifiés pour l’établir.
Le tome 2 de l’Agenda était cité pour exprimer notamment l’idée que l’organisation d’Auroville relevait entièrement du « mensonge ».
« notre tâche d’information, si nous voulons être sincères, est de dire ce qui ne va pas » à Auroville. Avant, tout allait-il toujours bien, selon la conception de l’association ? Est-ce que ladite « sincérité » faisait cacher ce qui était perçu comme étant du mal ? Est-ce que l’illusion était si forte qu’on n’y voyait que du bien, selon la conception de l’association ?
Dans une « Tribune libre », un certain « Boni » s’exprima, en correspondant forcément à l’opinion de l’association française. À propos de « quelques panneaux indicateurs » laissés par Sri Aurobindo et la Mère, il était dit « Si Auroville ne les regarde même pas, si Auroville ne suit pas, tant pis ». Le Matrimandir (qui était en construction) était appelé « cathédrale du Néant ». Une question était posée : « L’ombre qui avait englouti l’Ashram a-t-elle englouti Auroville aussi ? » L’ampleur de cette noirceur était peut-être en relation avec l’ampleur de l’illusion antérieure. L’auteur avait encore un peu d’espoir car il répondait ainsi : « Ce sont les faits qui répondent, et répondront toujours davantage à cette question ». L’auteur écrivit aussi ceci. « Il n’y a que deux êtres, parmi des milliers de disciples plus ou moins en adoration, qui ont compris (= accepté) cela – et surtout qui essayent de vivre cela. Ils s’appellent Satprem et Sujata. »
Dans la fin de l’« éditorial », il était écrit ceci. « Tout s’écroule, il n’y a rien d’autre que le divin, cette force de perfection, c’est à cela et à cela seul que l’on doit se référer. Cette situation nouvelle ne surgit-elle pas justement pour obliger les êtres à ne plus se reposer sur le mythe d’Auroville mais à le chercher intensément au-dedans ? » Il faudrait chercher « le mythe d’Auroville » « au-dedans » de soi plutôt que « se reposer » sur quelque chose à l’extérieur de soi, Auroville. En disant cela, les responsables de l’association exprimaient que, jusqu’alors, ils étaient centrés sur quelque chose à l’extérieur de soi, Auroville, et que, désormais, c’était en soi-même que chacun devrait chercher « le mythe d’Auroville ». Il y avait plutôt une mauvaise expression car le pronom « le » se rapporte plutôt à « le divin » : c’est ce dernier qu’il faudrait chercher en soi. Puisque cette idée de bon centrage était nouvelle dans cette association, l’habitude du centrage sur Auroville fit produire de la confusion : la faute d’expression, et appeler Auroville « mythe d’Auroville ». Cette dernière expression désigne aussi l’illusion concernant Auroville qu’eurent ces gens. Ils se reposèrent dessus, s’illusionnèrent, et la « situation nouvelle », le prétendu écroulement évoqué d’Auroville, les fit s’en réveiller. L’écroulement de leur illusion, la disparition de celle-ci, les fit tomber dans une autre illusion, anti-Auroville.
À propos de « sincérité », il était écrit : « Thème très présent dans nos consciences, peut-être parce qu’il nous est maintenant donné l’occasion de la mettre en pratique ». C’est la situation d’Auroville en 85 qui donnerait enfin l’occasion d’agir comme indiqué. (« la » se rapporte à « Thème », mot du genre masculin, qui se rapporte à « sincérité », mot du genre féminin.)
La situation d’Auroville dépitait les individus qui avaient eu une grande illusion concernant cette ville : ils ne pouvaient plus continuer à s’illusionner, ils tombaient, au moins partiellement, du haut de leur illusion.
Il était aussi indiqué que « en attendant des jours meilleurs, l’association va s’orienter vers l’information sur Mère, Sri Aurobindo et l’Agenda ». « […] l’Agenda […] si important pour Auroville et le monde par son être et sa réalité. » L’Agenda allait-il devenir le nouveau point de centrage !?
« Et l’Agenda est un instrument. Or, tout paradoxal que cela semble, l’apport de fonds pour le travail sur l’Agenda (impression et diffusion) est le plus faible. C’est pourquoi, l’association veut compenser ce manque et décide maintenant de lui donner priorité ; […]. À moins que le donateur souhaite le destiner à autre chose, l’argent collecté dès à présent, ira d’abord à l’Agenda. » Il semble qu’il y ait eu confusion entre l’association Auroville International France et l’Institut de recherches évolutives de France dont Mi. était la dirigeante, et ce fut probablement elle qui fit créer cette « priorité », (et peut-être qui introduisit ainsi dans l’association l’idée de donner de l’argent pour l’Agenda).

 

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